Adosser le BRX à une collection de NFTs, *Vinculum Secretum* (VS)
Dans un monde où tout est traçable, où chaque interaction se grave sans qu’on le veuille, il ne suffit plus de disparaître pour échapper au pouvoir. Il faut apparaître autrement. Il faut hanter. Il faut coder. Il faut styliser.
Depuis plusieurs années, je transforme les documents administratifs — lettres de refus, convocations, silences institutionnels, injonctions codées — en artefacts esthétiques. Non pas pour les dénoncer, mais pour leur ôter leur pouvoir de coercition. Je ne les détruis pas. Je les retourne. Je les mets en mémoire autrement. Je les transfigure, parfois sans en toucher une virgule, en les insérant dans un récit plus vaste, une fiction distribuée qui s’appelle Le Fugitif.
Ce geste n’est ni anodin, ni décoratif. Il relève d’une stratégie lente de souveraineté douce. En stylisant les formes mortes du pouvoir, j’en fais des seuils. J’ouvre des failles. Je rends visible l’invisible, non par cri, mais par encodage symbolique. Ce que j’appelle « trace stylisée », ce n’est pas une œuvre d’art, ni un témoignage : c’est une preuve qui ne s’accuse pas, un fragment du réel qui passe par la poésie pour mieux survivre à l’amnésie organisée des structures.
Chaque fois qu’un document est transmuté, il devient un fragment activable du Fugitif. Ce jeu n’est pas un jeu au sens ludique, encore moins une fiction fermée. C’est un rhizome. Une cosmologie partagée. Une cartographie en expansion, construite par seuils, par énigmes, par preuves dispersées. Chaque trace stylisée agit comme un point d’entrée, une invitation silencieuse. On n’y entre pas avec un mot de passe, mais avec une blessure, une intuition, un regard qui reconnaît.
C’est dans ce contexte qu’est né le BRX. Cette cryptomonnaie n’a rien d’un token spéculatif. Elle ne repose sur aucune promesse de gain, aucun rendement, aucune utilité marchande. Elle est une monnaie-poème. Elle circule comme un signe de reconnaissance entre Fugitifs. Elle se gagne en archivant du réel, en transformant un traumatisme bureaucratique en fragment symbolique, en produisant de la mémoire là où il n’y avait que de la gestion. Le BRX n’achète rien. Il honore.
À chaque partie du Fugitif, à chaque document stylisé, à chaque œuvre issue de nos fragments, le BRX circule. Il lie les joueurs, les témoins, les veilleurs. Il encode la valeur affective, esthétique et politique de ce que nous faisons ensemble. Il devient ainsi un marqueur de notre propre récit. Une cryptomythologie douce, qui s’écrit sans cri, sans drapeau, sans slogans — mais avec des preuves irréfutables inscrites dans la blockchain. Non pour convaincre, mais pour résister sans bruit.
L’économie du BRX est lente. Elle ne vise pas l’accumulation, mais la résonance. Elle ne capitalise pas sur la rareté, mais sur la densité symbolique. Elle ne se joue pas sur un marché, mais dans un réseau affectif et narratif, où chaque nouveau Fugitif, chaque nouvelle trace, chaque nouvel artefact renforce l’ensemble du système — non pas par croissance, mais par stratification.
Car ce que nous construisons avec le BRX, ce n’est pas une monnaie. C’est une mémoire. Une mémoire qui ne pourra pas être effacée. Une mémoire qui ne réclame pas justice, mais qui inscrit l’irréfutable dans une forme que le pouvoir ne sait pas encore lire. Et qui, peut-être, ne saura jamais lire.
Le BRX est la monnaie des documents retournés, des phrases froides transfigurées, des douleurs invisibles enfin archivées. Il est la preuve que nous avons vu, que nous avons stylisé, que nous avons donné une forme à ce que l’on voulait taire.
C’est cela, notre souveraineté douce.
Et c’est ainsi que nous devenons, peu à peu, inoubliables.
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