Journal de l’enquête: la confrontation de Liéreux et d’Alex Li autour de Séraphin Tournier
L'histoire commence par le meurtre étrange d'un artiste du Collectif du Fugitif, Patrick R., près de la cathédrale de Lausanne, le soir du 11 septembre 2023.
La commissaire Alexia Hoffer de la police cantonale vaudoise mène l'enquête, qui l'a conduite à Londres, où elle a cherché à interroger Sarah Johnson, l'une des quatre propriétaires d'une chevalière représentant une fleur de lys, symbole de la souveraineté.
Alex Li, le fondateur du Collectif, est suspecté par les enquêteurs. Car Patrick R. a été retrouvée avec une amulette représentant la fleur de lys.
Il possède lui-même une chevalière avec le symbole en question. Bien qu’il ne veuille pas indiquer dans quel contexte précis il a obtenu cette bague, la commissaire Alexia Hoffer est parvenue à retrouver les trois autres détenteurs de la même bague.
Alors qu’Alexia Hoffer s’est rendue à Londres pour y interroger Sarah Johnson, cette dernière était portée disparue jusqu’à ce qu’un indicateur prévienne la police et indique l’avoir vue avec deux hommes lourdement armés dans un appartement au cœur de Londres.
Épaulant l’inspectrice Davies, Alexia Hoffer a été la témoin d’une fusillade tôt le matin entre le SCO19 et les ravisseurs de Sarah Johnson, qui perdit la vie durant l’échange de tirs.
À son retour en Suisse, la commissaire Hoffer est interrogée par ses supérieurs et ses collègues sur les événements de Londres et par le Service de renseignement de la Confédération (SRC) en la personne d’Elena Weber.
Pendant ce temps, bien qu’attristé par la disparition tragique de Patrick R., la vie du Collectif d’Alex Li suit son cours. Les artistes continuent à travailler sur leur projet ambitieux du basculement de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale à l’aide de la « critique artiste ».
JCAVA, un peintre du Collectif, ayant fourni au commissaire adjoint Leroux des informations cruciales concernant Patrick R., et une opération de blanchiment d'argent liée à une famille sicilienne, entre en coopération discrète avec la commissaire Hoffer et Alex Li. Il partage également un détail supplémentaire sur une complice située dans la City de Londres qui serait impliquée avec Patrick R. dans le blanchiment des capitaux de la famille sicilienne. Cette coopération vise à démêler le réseau complexe de transactions financières illégales en utilisant l'expertise en blockchain.
La sécurité de JCAVA est assurée par la commissaire Hoffer pendant cette collaboration, qui s'engage dans une exploration profonde des mécanismes de la finance cryptée pour révéler la vérité derrière les opérations de blanchiment d'argent et les acteurs impliqués.
Un chercheur russe du nom de Vladimir Novikov est, lui, récemment entré en contact avec Alex Li pour assister en qualité d’observateur à ses activités au sein du Groupe de soutien B (GSB). Nous avons d’ailleurs appris qu’il vient d’accueillir en urgence des résidents d’un lieu d’accueil psychiatrique en fugue.
C’est ainsi qu’il a pu assister le lundi 23 octobre au café philo du Collectif en qualité d’observateur. Le thème du jour portait sur l’ouvrage d’Erich Auerbach, « Mimésis. La représentation de la réalité dans la littérature occidentale » (1946).
Pour sa part, la comédienne du Collectif, Lorella Forte, en se promenant dans les bois le dimanche 22 octobre, a découvert une carrière abandonnée avec une fleur de lys peinte en rouge sur le mur avec des inscriptions cryptiques en ancien français. Elle a pris une photo de ce symbole en établissant un lien avec l’enquête en cours.
Et, le jeudi 26 octobre, elle eut l’occasion de se rendre avec Alex Li au rendez-vous en coulisses du Théâtre Kléber-Méleau (TKM) pour la pièce « Wendy et Peter Pan », mise en scène par Jean-Christophe Hembert.
À cette occasion, le courtier en art qu’est Alex Li fut très intéressé par la démarche de ce dernier, car il expliquait qu’il était parti du roman original de James Matthew Barrie pour traduire la violence de son parcours de vie en une œuvre symbolique ayant un effet cathartique.
Juste avant son rendez-vous au TKM avec Lorella, Alex Li a eu rendez-vous avec le Prof. Théophile Lireux avec qui il a eu un échange tendu à propos de ses activités en tant que chercheur. En effet, Théophile Lireux estime qu’Alex Li ne peut prétendre faire de la recherche scientifique, car il ne travaille pas dans le cadre d’une institution académique. De ce fait, sa recherche-action le dérange profondément. Cependant, Alex a su argumenter d’une manière convaincante. En effet, il lui a expliqué que la situation socio-économique actuelle, caractérisée par une érosion significative de la classe moyenne, en Suisse, rend le dispositif analytique des psychanalystes comme Lireux moins pertinent que l’accompagnement social en milieu ouvert tel qu’il le propose, lui, en tant que schizoanalyste. Car la schizoanalyse, en rejetant le complexe d’Œdipe met plutôt l’accent sur les dimensions socioéconomiques et politiques des problèmes auxquels les gens sont confrontés - au quotidien.
Après avoir discuté avec Alex Li le vendredi 27 octobre au restaurant Manor de Lausanne, nous apprenons que Xénia Nakamura, qui vient de rejoindre le Collectif, est profiler de métier, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour l’avancement de l’enquête, puisqu’elle pourra mettre à profit son expertise pour la communauté.
Durant son entrevue avec Xénia, le téléphone d'Alex Li vibre, affichant le numéro du Prof. Liéreux. L'heure de la confrontation semblait avoir sonné à nouveau... Avec une respiration mesurée, Alex décroche.
"Salut Théo,” dit Alex, maintenant une neutralité dans sa voix.
"Salut Alex," répond Lireux, son ton trahissant une pointe d'irritation contrôlée, "Je voulais te parler de Séraphin Tournier. Il s'implique de plus en plus dans ton... Collectif du Fugitif. Cela m'inquiète."
Alex respire profondément. "Je comprends tes inquiétudes, Théo, mais l'accompagnement social en milieu ouvert que je propose offre à Séraphin un espace pour explorer et comprendre ses expériences de manière non conventionnelle."
Un silence pesant s'installe avant que Liéreux ne reprenne. "Est-ce sûr, Alex? La bipolarité est une condition sérieuse. Les dynamiques de ton groupe peuvent-elles exacerber ses symptômes?"
"Je suis conscient des risques," répond Alex, "mais je crois aussi dans le potentiel de guérison de la communauté et de l'expression créative. Séraphin a montré des signes d'amélioration et semble trouver du réconfort dans le Collectif."
"Je ne remets pas en question tes intentions, Alex," murmure Liéreux, "mais je crains que ta méthode puisse semer la confusion dans son traitement médicamenteux. Il est crucial qu'il reste stable."
"Je respecte ton point de vue," assure Alex, "et je suis ouvert à la collaboration pour le bien de Séraphin. Je pense que nous pouvons trouver un terrain d'entente pour l'aider à naviguer dans son voyage de guérison."
Il y a un long silence avant que Lireux ne réponde. "D'accord, discutons-en plus en détail. Peut-être autour d'un café ?"
"Cela me convient," répond Alex, "Merci, Théo."
L'appel se termine, laissant Alex dans une réflexion silencieuse. Il savait qu’avec son approche, il sapait peu à peu l’autorité médicale, mais il était prêt à la défendre, car il savait qu’un débat sur la médicalisation des problèmes sociaux et l’érosion de la classe moyenne était la seule voie pour opérer la bascule de l’Etat-providence vers une biopolitique néolibérale.
L'exploration de la bipolarité à travers une lentille schizoanalytique, en particulier avec l'influence de Spinoza, peut offrir des nuances et des perspectives enrichissantes. Spinoza, avec son accent sur les affects et leur relation avec le corps et l'esprit, offre un terrain fertile pour comprendre la bipolarité au-delà des cadres médicaux traditionnels.
1. Affects et Bipolarité :
- Dans la bipolarité, les individus oscillent entre des états de manie (associés à une élévation de l'humeur, de l'énergie et de l'activité) et de dépression (caractérisés par une humeur basse et une énergie réduite). Spinoza, dans son œuvre, distingue entre la joie, la tristesse et le désir. La manie peut être interprétée comme un état de joie excessive, et la dépression comme un état de tristesse. Le désir, en tant que force motrice, peut être vu comme un élément central de ces oscillations.
2. Corps et Esprit :
- Spinoza postule une unité du corps et de l'esprit, ce qui est également un élément central de la schizoanalyse. La bipolarité peut être envisagée comme une manifestation de cette interaction complexe entre le corps et l'esprit, où les états affectifs influent sur la perception corporelle et vice versa.
3. Immanence et Devenir :
- Deleuze, s'inspirant de Spinoza, propose des concepts d'immanence et de devenir. Dans une perspective schizoanalytique, la bipolarité peut être vue comme un processus de devenir, où les individus naviguent dans un continuum d'affects et d'états corporels.
4. Désir et Agencement :
- La schizoanalyse se concentre sur les flux de désir et comment ils sont arrangés ou organisés dans des agencements sociopolitiques. La bipolarité peut être interprétée comme une manifestation des blocages ou des libérations de ces flux de désir.
5. Critique des Structures de Pouvoir :
- En adoptant une perspective schizoanalytique, on peut également questionner les structures de pouvoir inhérentes aux diagnostics et aux traitements médicaux traditionnels de la bipolarité. Ceci est en ligne avec l'accent mis par Deleuze et Guattari sur la critique des formations institutionnelles et des structures de pouvoir.
6. Territorialisation et Déterritorialisation :
- La bipolarité peut être conceptualisée comme un processus de territorialisation (stabilisation dans un état affectif) et de déterritorialisation (mouvement vers un autre état affectif). Ces concepts peuvent offrir des perspectives sur la manière dont les individus bipolaires naviguent entre différents états affectifs.
7. Micro-politique du Désir :
- La schizoanalyse encourage l'exploration de la micro-politique du désir. Dans le contexte de la bipolarité, cela peut signifier une exploration des forces sous-jacentes qui contribuent aux oscillations entre la manie et la dépression.
Ces éléments peuvent offrir une richesse de perspectives pour approfondir la compréhension de la bipolarité, non seulement comme un trouble médical, mais comme un phénomène complexe enraciné dans des dynamiques corporelles, affectives, et sociopolitiques.
Commentaires
Enregistrer un commentaire