L’économie circulaire
Par Vladimir Novikov
D’après mes discussions avec Alex Li, l’ouvrage de Dunia Brunner et Nils Moussu intitulé « L’économie circulaire » (2023) n’a pas apporté grand chose à sa pensée si ce n’est une meilleure perception de ce qui est entendu par ce concept.
Il a constaté que les auteurs n’étaient pas favorables à une approche axée sur le technologie et le néolibéralisme, ce qui rentre en contradiction avec son adhésion au mouvement e/acc. Mais les contradictions des auteurs, notamment sur le changement nécessaire à opérer au niveau des habitudes de production et de consommation, les conduisent à ignorer que l’optimisation des ressources ne s’applique pas de la même manière pour les ressources humaines que pour les ressources materielles.
Ils ignorent également les spécificités de l’Etat-providence faisant du concept d’« économie linéaire » un concept vague et peu rigoureux au niveau de la construction argumentative de leur thèse pour une économie linéaire.
En fait, selon Alex Li, ils ne prennent pas en compte que l’optimisation des ressources humaines déjà en cours produit plutôt du burn-out; et qu’à travers l’érosion de la classe moyenne s’opère le basculement non pas vers une économie circulaire proprement dite, mais vers une biopolitique néolibérale qui la comprend, mais par le biais du minimalisme. D’où l’importance, selon lui, du revenu universel financé par une monnaie numérique de banque centrale (RU/MNBC).
L’accélérationnisme efficace (e/acc) lui permet d’utiliser l’espace mémétique pour recycler, en quelque sorte, les outsiders dans l’économie numérique opérant de ce fait un « recyclage » des travailleurs, qui passent donc du travail aliénant au travail créateur.
L’ignorance de ces auteurs permet donc à Alex Li de percevoir une brèche dans leur argumentation et de l’exploiter. C’est-à-dire que Dunia Brunner et Nils Moussu ne se présentent pas du tout comme des partisans de la technologie. Ils n’effectuent pas de critique du système actuel dans le détail, mais parlent vaguement d’une « économie linéaire ». De ce fait, ils ne remettent pas vraiment en question la notion même de « travail ». Ils ne le repensent pas à fond. Il est vaguement question de reconvertir les gens vers une économie circulaire, qui consisterait selon eux à recycler et réparer ce qui peut l’être et de concevoir des biens dont tous les composants puissent être recyclés auxquels cas, les composants qui ne peuvent l’être doivent taxés de telle sorte que cette taxe se répercute dans le prix du bien, ce qu’ils appellent « l’internalisation des externalités négatives ». D’après Alex Li, cette solution, qui est présentée comme LA solution pour mettre les entreprises au pas, est dérisoire et trahit une vraie réflexion de fond, passant nécessairement par une remise en question de l’Etat-providence.
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