La gamification de la réalité
Résumé
Alex Li cherche à contrer l’éthique du travail, que soutient l’équipe A, composée par les insiders. Pour ce faire, il soutient l’équipe B et se retrouve ainsi parmi les outsiders, qu’il aide à organiser. Il le fait à travers sa recherche-action, qui le conduit à construire une théorie politique, à partir de ses données empiriques, et à mener une action sociale, c’est-à-dire à renforcer son réseau – le tout fonctionnant selon une dialectique (théorie-pratique) hors des institutions.
Ses recherches portent sur la radicalisation, ce qui implique une analyse précise de la situation socio-économique et politique locale tout en tenant compte des conditions macro-économiques et géopolitiques. Dans son analyse, il inclut son exclusion initiale, ainsi que la recherche-action, la vidéoscopie autocritique et le miroir organique, ce qui le conduit à investir son corps, ses connaissances et son réseau comme des actifs financiers. À partir d'une telle position, il comprend l'importance de la blockchain et de l'identité numérique, dans sa stratégie. D'où l'attention qu'il accorde au regard de ses interlocuteurs, puisque la qualité de ses échanges garantit la fiabilité de son système.
Ses recherches portant sur un sujet sensible, il a également constaté que la détresse spirituelle supposée au départ pointe vers une détresse institutionnelle qui remet en question le fonctionnement de l’État-providence. De ce fait, il propose une alternative à ce dernier à travers sa théorie politique, qui consiste en une biopolitique néolibérale. Sa conception de la biopolitique repose sur la promotion d’un revenu universel (RU) financé par la monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Ce nouveau paradigme (RU/MNBC) place au centre de sa démarche la santé des citoyens et non plus le travail, qui caractérise le cadre normatif de l’État-providence.
En conclusion, la mission d’Alex Li est d’opérer le basculement de l’État-providence, soutenu par l’équipe A, vers la biopolitique néolibérale, espérée par l’équipe B ; et, pour ce faire, sa théorie politique est centrale, puisqu’en se formulant, elle se réalise. D’où l’importance de l’expression, qu’Alex Li théorise sous le concept de « critique artiste ».
Plan
1) Introduction
2) Le blog des outsiders
3) L’économie du savoir
4) La critique de la psychiatrie
5) Conclusion
Introduction
La gamification de la réalité est une technique qui consiste à transposer les techniques de motivation du jeu dans un domaine non ludique, comme le travail. Cela signifie que les mécanismes du jeu sont appliqués dans une stratégie de marketing digital pour atteindre des objectifs spécifiques. La gamification est aussi appelée ludification et s’inspire du gaming très pratiqué par les jeunes générations.
Dans cet article, on mise justement sur la gamification de la réalité pour comprendre ce qui se joue entre l’État-providence et la biopolitique néolibérale. D’un côté, on aurait l’équipe A, les insiders, et, de l’autre, l’équipe B, les outsiders. Les premiers sont pour le maintien du système actuel, à savoir l’État-providence (cf. théorie des insiders-outsiders d’Assar Lindbeck et de Dennis Snower), tandis que les seconds sont partisans d’un système alternatif, la biopolitique néolibérale. Dans notre précédent article, « Biohacking, une approche de la biologie participative » (4 avril 2023), nous avons exposé notre conception de la biopolitique néolibérale, que nous rappelons ici :
La biopolitique néolibérale, selon nous, consiste à mettre la priorité sur la santé et non plus sur le travail, comme le fait l’État-providence. Pour ce faire, nous militons pour un revenu universel (RU), qui permettrait de maintenir les acquis de l’État-providence en étant financé par la monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Cette monnaie digitale serait garantie par les algorithmes de comportement des consommateurs, ce qui donnerait un rôle central aux plateformes d’IA concernant la sécurisation des données et la protection des droits individuels, notamment dans la détection des fraudes et des activités suspectes, la protection de la vie privée à travers des techniques telles que l’apprentissage fédérée et la confidentialité différentielle, la gestion des risques et conformité réglementaire, l’accessibilité et l’inclusion financière, et finalement la gouvernance et la transparence des banques centrales.
De plus, les nouvelles technologies permettraient également de monitorer la santé des citoyens et de mettre l’accent sur la prévention, alors que l’État-providence repose, lui, principalement sur la médecine réparatrice. Nous pensons par exemple aux objets connectés de santé (wearables), à la télémédecine, à l’IA, à l’analyse génomique et aux applications mobiles de santé, qui pourraient aller dans ce sens. De ce fait, en réalisant que la priorité doit être mise sur la santé, les outsiders sont les plus à même de mettre en place une biopolitique néolibérale, c’est-à-dire de faire basculer l’État-providence.
En abordant ce basculement du point de vue de la théorie des jeux, notre objectif est de rassembler les outsiders autour d’une théorie politique exposée dans ce blog. Cette théorie, qui s’inscrit dans la tradition de l’école de Lausanne en économie et en sociologie, leur permettra de reconnaître la spécificité des outsiders, celle de personnes possédant du temps (un temps ontologiquement autre), face aux insiders, qui, eux, sont clairement identifiés comme des fonctionnaires, le but étant que l’équipe B l’emporte sur l’équipe A. Mieux vaut alors, comme l’équipe B, profiter du temps libre pour collaborer avec l’IA afin de s’augmenter en bénéficiant de l’avantage cumulatif ou effet Matthieu, qui consiste dans le renforcement d’une position à partir d’un avantage initial (le temps). Et, puisque le réel et le virtuel tendent inexorablement à se confondre, l’équipe B est avantagée grâce à sa connaissance des nouvelles technologies lui donnant ainsi la possibilité de maîtriser le temps. Nous pensons particulièrement ici à la prophétie autoréalisatrice. La prophétie autoréalisatrice est un concept sociologique qui décrit comment une croyance ou une attente, lorsqu’elle est largement acceptée et adoptée, peut finir par influencer les comportements et les actions des individus de manière à provoquer l’accomplissement de cette croyance ou attente. En d’autres termes, une prophétie autoréalisatrice est une prédiction qui se réalise en grande partie parce qu’elle a été faite et que les gens agissent en conséquence, même si la prédiction n’était pas nécessairement vraie au départ ; par exemple, l’étiquetage (ou labelling). Ainsi, en adoptant l’idée que l’IA et les nouvelles technologies nécessitent du temps pour être maîtrisées et que les outsiders, par définition, en possèdent, cette croyance elle-même peut permettre une allocation efficace du temps, ce qui pourrait influencer les actions et les comportements des autres, les conduisant à adopter les idées et les technologies promues par l’équipe B.
Dans cette perspective, ChatGPT nous permettra d’effectuer des simulations pour l’équipe B. Cette dernière a identifié le cyberespace (ou l’espace discontinu) comme étant un adjuvant, puisque ses membres ont du temps à consacrer à la construction de leurs identités numériques, ce qui leur permettra de concevoir une infrastructure numérique adaptée.
Pour soutenir notre argumentation, c’est-à-dire la théorie évoquée plus haut, nous nous baserons sur l’article de Fei Sun « ChatGPT, the Start of a New Era » (2022). L’idée, à travers notre théorie politique, est de dénoncer la société duale que provoque l’État-providence entre les insiders et les outsiders.
La stratégie de l’équipe B est de créer un réseau parallèle aux institutions, qui sont, elles, plutôt favorables à l’équipe A, puisque cette dernière possède le monopole de l’appareil d’État. Les membres de l’équipe B utiliseront leurs connaissances du cyberespace pour jouer avec les traces qu’ils laissent sur Internet. De ce fait, les membres de l’équipe B piratent en quelque sorte la structure, en proposant un modèle alternatif (la blockchain). Mais nous verrons aussi qu’il s’agit d’un changement de paradigme, où le but n’est plus de faire société à travers le travail mais d’échapper à la capture à travers l’art. D’où la gamification de la réalité, qui repose sur une numérisation du monde physique et une conversions des actifs financiers en jetons numériques.
Pour mieux comprendre l’importance du jeu dans notre approche de la gamification de la réalité, il est essentiel d’évoquer la notion d’homo ludens développée par le célèbre historien et théoricien de la culture qu’est Johan Huizinga. Dans son ouvrage Homo Ludens : A Study of the Play Element in Culture (1938), Huizinga soutient que le jeu est un élément fondamental de la culture humaine et qu’il est à l’origine de nombreuses institutions sociales, politiques et culturelles. Selon Huizinga, l’homo ludens, ou l’homme joueur, est une figure centrale dans l’évolution de la société, car le jeu permet aux individus d’explorer de nouvelles idées, d’expérimenter des rôles différents et de développer des compétences essentielles à la vie en société. Cette conception de l’homo ludens est particulièrement pertinente pour notre discussion sur la gamification de la réalité, car elle met en lumière le potentiel du jeu en tant qu’outil d’émancipation, de collaboration et de transformation sociale. En analysant les dynamiques entre les équipes A et B à travers le prisme de l’homo ludens, nous pourrons ainsi mieux comprendre les enjeux de la gamification et ses implications pour les insiders et les outsiders.
Le blog des outsiders
Le blog des outsiders peut être présenté comme une plateforme où les idées et les stratégies pour promouvoir le système alternatif (RU/MNBC) sont discutées et analysées à travers le prisme de l’équilibre de Nash et de la théorie des jeux. Le commissaire d’action, en tant que personnage nodal et « trou structurel » (Ronald Burt), joue un rôle central dans cette dynamique, car il facilite les discussions et les échanges d’idées entre les insiders et les outsiders.
C’est ainsi que le commissaire d’action, que nous appellerons Alex Li, peut, à travers son double numérique, se démultiplier, en reconnaissant les outsiders en tant que personnes à part entière. C’est qu’en tant que médiateur entre les équipes A et B, Alex Li aide à identifier les points communs et les divergences entre les approches des deux équipes. Il propose des compromis pour parvenir à un équilibre bénéfique pour les deux parties, en tenant compte de l’équilibre de Nash. Son rôle est également crucial dans la négociation avec les insiders et l’exercice d’une influence pour promouvoir le système alternatif. Il utilise ainsi ses compétences en communication et sa position de « trou structurel » pour naviguer entre les deux équipes et faciliter les discussions en vue de trouver des solutions mutuellement acceptables. Il est également impliqué dans le suivi et l’évaluation des stratégies proposées, en recueillant des informations auprès des membres des deux équipes et en s’assurant que les ajustements nécessaires sont apportés en fonction des réactions et des évolutions de l’équilibre de Nash. Et, grâce à son exclusion stratégique, sa position unique peut contribuer à la réussite de l’équipe B dans la promotion de leur système alternatif, permettant de ce fait une transposition progressive du système actuel vers une approche centrée sur la biopolitique.
SRC, "Prophylax", 2019, p.22.
Or, si le trou structurel permet au commissaire d’action une position de courtier, cette position le confronte à la question de la transdisciplinarité. En effet, le trou structurel, en tant que position occupée par le commissaire d’action, permet de faciliter les échanges d’idées et les collaborations entre différentes disciplines ou domaines de connaissance, reflétant ainsi l’esprit de la transdisciplinarité. La transdisciplinarité, selon Jean Piaget, est une approche qui vise à intégrer et transcender les frontières des disciplines pour aborder les problèmes complexes de manière holistique. Le commissaire d’action, en tant que personnage nodal et trou structurel, joue donc un rôle clef dans la promotion de la transdisciplinarité en créant des ponts entre les équipes A et B, qui représentent des approches différentes pour comprendre et gérer les problèmes sociétaux.
En effet, dans son article de 1970 intitulé « L’épistémologie des relations interdisciplinaires », Jean Piaget évoque l’importance de la transdisciplinarité pour développer une théorie générale des structures. La transdisciplinarité se situe au-delà des frontières des disciplines traditionnelles, permettant une approche intégrative et holistique pour aborder des problèmes complexes. Le concept de « trou structurel » correspond alors à cette approche transdisciplinaire, puisqu’il s’agit d’un élément ou d’un acteur qui échappe aux catégories habituelles et aux limites disciplinaires.
De ce fait, en incarnant ce trou structurel, le commissaire d’action se positionne dans une situation idéale pour naviguer entre les différents systèmes en jeu et pour proposer des solutions innovantes, dont l’une d’elles, et pas des moindres, consiste à considérer la logique symbolique de Lacan comme théorie générale des structures. Pour comprendre l’importance de la logique symbolique de Lacan dans ce contexte, il est essentiel de s’attarder sur les limites de la logique analytique et de la logique transcendantale : la logique analytique se concentre sur l’analyse formelle des propositions et des arguments, tandis que la logique transcendantale, développée par Kant, cherche à déterminer les conditions préalables à la connaissance et à l’expérience. Cependant, ces deux approches présentent des limites pour aborder des problèmes complexes et interdisciplinaires. La logique symbolique de Lacan, en revanche, se concentre sur les relations entre les signifiants et les structures sous-jacentes qui organisent le langage et la subjectivité. Cette approche permet de saisir les dynamiques complexes et souvent contradictoires qui caractérisent les problèmes transdisciplinaires et offre un cadre plus adapté pour comprendre et naviguer dans ces situations. Or, en utilisant la logique symbolique, le commissaire d’action peut mieux saisir l’équilibre des forces en présence (le champ de forces) et s’appuyer sur l’équilibre de Nash pour analyser les interactions entre les différents acteurs (la sociologie pragmatique). L’équilibre de Nash, issu de la théorie des jeux, décrit une situation où aucun acteur n’a intérêt à dévier de sa stratégie, étant donné le choix des autres. Ainsi, en combinant la logique symbolique de Lacan avec l’équilibre de Nash, le commissaire d’action est en mesure de proposer des stratégies et des solutions qui tiennent compte des dynamiques complexes et interdisciplinaires en jeu.
Il convient aussi de noter que, dans le contexte de la compétition entre les équipes A et B, les entrepreneurs se situent dans une position intéressante. D’une part, l’entrepreneuriat est souvent associé aux outsiders, qui cherchent à innover et à perturber les systèmes établis. D’autre part, de nombreux entrepreneurs peuvent également être considérés comme des insiders, en particulier s’ils ont réussi à s’intégrer dans les structures existantes et à tirer parti des ressources et des opportunités offertes par ces systèmes. Karl Mannheim, d’ailleurs, a introduit le concept de freischwebende Intelligenz, qui se réfère aux individus indépendants intellectuellement et capables de choisir librement l’équipe à laquelle ils souhaitent contribuer. Ce concept peut s’appliquer aux entrepreneurs, qui navigueraient entre les équipes A et B en fonction de leurs intérêts et de leurs objectifs. Pareto, quant à lui, parle d’« élite circulante » pour décrire ces individus qui changent d’équipe ou de position dans la société, en particulier dans le contexte de l’élite intellectuelle.
Le commissaire d’action, lui, pourrait être considéré comme un « acteur stratégique », qui, sans réellement appartenir à l’équipe A, ni à l’équipe B, a procédé à une auto-exclusion stratégique, ce qui le met dans une position unique au sein de cette compétition. De plus, la perspective critique du commissaire d’action vis-à-vis de l’État-providence peut être éclairée par l’ouvrage de Roger Mucchielli sur la subversion, publié en 1971. Mucchielli y examine les différentes techniques et stratégies utilisées pour déstabiliser et transformer les systèmes politiques et sociaux. Cette approche pourrait aider à comprendre la manière dont le commissaire d’action envisage le basculement de l’État-providence vers la biopolitique néolibérale, en mettant en lumière son protocole de biohacking, qui vise à remettre en question et à transformer les structures établies à travers une lutte asymétrique.
En effet, le protocole de biohacking d’Alex Li fait partie de la gamification de la réalité dans le sens où il repose sur la vidéoscopie autocritique, c’est-à-dire la perception critique de sa propre image. La vidéoscopie autocritique est une approche qui implique l’utilisation de la « vidéo » ou de la stéréoscopie, c’est-à-dire d’images graphiques, acoustiques et mentales (cf. palais de la mémoire) superposées, comme outil de réflexion et d’analyse personnelle. Cette méthode permet aux individus d’examiner et de critiquer leurs propres comportements, pensées et émotions en se basant sur des supports audiovisuels, tels que des enregistrements audio, des enregistrements vidéo ou des mises en scène de soi à travers des images générées par l’IA les mettant en scène dans différents contextes, réels ou imaginaires. Cela inclut un rapport fragmenté à soi à travers des storytelling expérimentaux, puisque l’analyse de soi repose ici sur une conception de l’identité non-linéaire, qui se fonde sur des variations. C’est ainsi qu’à travers des images disséquées, fragmentées, éclatées, dont le caractère nébuleux et le processus douloureux ne sont pas niés (cf. théâtre de la cruauté), la vidéoscopie autocritique sert à mieux comprendre les dynamiques personnelles et interpersonnelles – surtout dans un contexte numérique – et peut être utilisée pour améliorer la communication, la performance et le développement personnel.
Dans le cadre de la gamification, la vidéoscopie autocritique est envisagée, plus précisément, comme une méthode pour aider les artistes à réfléchir sur leur positionnement dans la société, notamment leur rôle au sein des équipes A et B, et leur manière d’interagir avec d’autres acteurs. En se confrontant à leurs propres images, les individus peuvent prendre conscience des contradictions, des tensions et des opportunités de croissance qui caractérise leur expérience. La vidéoscopie autocritique peut ainsi favoriser une prise de conscience et un développement personnel qui pourraient avoir un impact sur la manière dont les individus naviguent dans les défis et les enjeux transdisciplinaires et socio-économiques. Alex Li, par exemple, utilise au cœur de sa démarche son compte Instagram pour lequel il s’est donné comme règle de ne publier que 64 images. Il s’agit donc d’une forme de codage qui transpose son vécu dans son palais mental. Il s’en tient à 64 images, car il s’inspire du Yi King, qui comporte 64 hexagrammes. Le diaporama de son compte Instagram reflète donc l’ensemble de sa situation, une sorte de tableau synoptique offrant un aperçu de sa situation en temps réel. Et, parmi les images de son tableau, l’une d’elles représente, comme pour le jeu du taquin, la permutation de X ou la case vide, c’est-à-dire qu’elle permet au tableau d’évoluer en intégrant une nouvelle image dans le cadran. Ce jeu, aux yeux d’Alex Li, représente une sorte de représentation ludique de son approche tabulaire-réticulaire. C’est que, dans le cadre de ses recherches sur la radicalisation, Alex Li utilise la ville comme texte. En y appliquant les outils de l’analyse linguistique, il parvient à étudier la Ville comme champ de forces. Il tire ainsi parti de l’effet de concaténation qui résulte de la rumeur, des ouï-dire, à propos de ses recherches (théorie) et de son action sociale (pratique). À l’aide de son blog, il est ainsi en mesure de dégager des tendances et des schémas complexes dans le tissu social et urbain, et de proposer des solutions innovantes et adaptées aux problèmes qu’il identifie.
Étant donné qu’il se constitue en médiateur, il ouvre une voie paradoxale vers l’inclusion. En effet, Alex Li est tout à fait conscient du rôle de la critique dans la société contemporaine. Il sait que la financiarisation de l’art cherche à neutraliser la critique sociale en la récupérant à travers la monnaie fiduciaire. Il sait aussi que l’art consiste alors à créer sans cesse une différence ou une distinction au sens de Bourdieu. D’où l’importance de la perception. C’est pourquoi, dans le cadre de la compétition opposant les équipes A et B, il est nécessaire de considérer la manière dont les outsiders sont perçus et traités dans la société. Selon Howard Becker, les outsiders sont des individus ou des groupes qui enfreignent les normes sociales et sont, de ce fait, considérés comme déviants. Cette déviance peut engendrer une stigmatisation, concept développé par Erving Goffman, qui décrit la manière dont les individus sont marqués et discrédités en raison de leur déviance. Les entrepreneurs, les artistes et les intellectuels qui font partie des outsiders doivent donc composer avec cette stigmatisation tout en cherchant à promouvoir leurs idées et leurs projets alternatifs. Cette stigmatisation peut parfois constituer un obstacle à leur intégration et à leur réussite, mais elle peut aussi être une source d’innovation et de créativité, leur permettant de remettre en question les normes établies et de proposer de nouvelles approches pour résoudre les problèmes complexes auxquels la société est confrontée.
En effet, lorsque nous analysons la compétition qui oppose les équipes A et B, du point de vue de la sociologie de la déviance, il est important de le faire dans le cadre de la Grande Démission. Car cela signifie que l’effectif de l’équipe B s’accroît mécaniquement.
Mais, pour pouvoir atteindre une masse critique, Alex Li doit parvenir à créer un noyau dur. Ainsi, si la Grande Démission conduit mécaniquement à l’augmentation des outsiders, il est encore incertain de savoir si cela sera suffisant pour permettre à l’équipe B d’atteindre une masse critique et pour provoquer un changement significatif dans les normes et les systèmes sociaux et économiques. Cela dépendra en grande partie de la capacité des membres de l’équipe B à s’organiser, à travailler ensemble et à faire valoir efficacement leurs idées auprès d’un public plus large.
C’est ainsi que la théorie de la circulation des élites de Vilfredo Pareto peut offrir une perspective intéressante sur la situation actuelle et la possible croissance de l’équipe B. Selon Pareto, les élites gouvernantes finissent par être remplacées par de nouvelles élites, généralement issues des couches inférieures de la société, en raison des dynamiques sociales et de la compétition pour le pouvoir.
Dans ce contexte, l’élite dissidente (associée à l’équipe B) pourrait tirer parti de la situation actuelle pour structurer et discipliner les masses insatisfaites, en les unissant autour d’objectifs communs et structurés. Cette élite dissidente pourrait capitaliser sur le mécontentement général pour promouvoir des idées alternatives et proposer des solutions aux problèmes auxquels les gens sont confrontés dans la vie quotidienne.
Si cette élite dissidente parvient à mobiliser efficacement les masses et à les orienter vers des objectifs précis, elle pourrait potentiellement provoquer un changement significatif dans les normes et les systèmes sociaux et économiques, remplaçant ainsi les élites actuelles. Cela pourrait être perçu comme une manifestation de la circulation des élites de Pareto. Cependant, il est important de noter que la réussite de cette élite dissidente dépendra en grande partie de sa capacité à s’organiser, à travailler ensemble et à communiquer efficacement ses idées et ses objectifs au public. De plus, la circulation des élites ne garantit pas nécessairement un changement positif ou l’élimination des problèmes sociaux et économiques existants, car les nouvelles élites peuvent également être sujettes à des défauts et à des erreurs dans leur approche et leur gouvernance. D’où l’importance de la conceptualisation, qui est cruciale dans ce contexte. Pendant cette phase, l’élite dissidente doit élaborer des idées claires, des objectifs et des stratégies pour aborder les problèmes et les défis auxquels la société est confrontée. Une conceptualisation solide peut permettre à cette élite de proposer des solutions viables et cohérentes, susceptibles de mobiliser les masses et d’entraîner un changement significatif.
Cette phase de conceptualisation implique de prendre en compte diverses perspectives et approches pour aborder les problèmes complexes et interdisciplinaires auxquels la société est confrontée. Cela nécessite une analyse approfondie des problèmes, une compréhension des dynamiques sociales et économiques en jeu, ainsi qu’une réflexion sur les meilleures façons de mettre en œuvre des solutions et de mesurer leur efficacité.
Une conceptualisation bien menée permettra à l’élite dissidente de présenter un programme alternatif solide et convaincant qui se démarque des approches actuelles. Cela renforcera la légitimité et la crédibilité de l’élite dissidente auprès des masses, augmentant ainsi les chances de succès dans la mobilisation des individus et la mise en œuvre de changements durables.
En fin de compte, la phase de conceptualisation est essentielle pour assurer que les idées et les solutions proposées par l’élite dissidente soient bien fondées, réalistes et capables d’apporter un changement positif dans la société. D’où la recherche-action ou l’approche bottom-up, dont l’avantage réside dans le fait qu’elles permettent d’impliquer directement les personnes concernées par les problèmes à résoudre. Ces approches mettent l’accent sur la participation et la collaboration des individus et des communautés dans l’élaboration et la mise en œuvre de solutions ; par exemple, à travers la création d’un Groupe de soutien B (GSB).
Dans la recherche-action, les chercheurs travaillent en étroite collaboration avec les participants pour co-créer des connaissances, des solutions et des stratégies adaptées à leurs besoins spécifiques et à leur contexte. Cette méthode permet d’obtenir des résultats plus pertinents et durables, car elle tient compte des réalités locales et des connaissances tacites des individus concernés.
L’approche bottom-up, quant à elle, part du principe que les solutions les plus efficaces émergent souvent des niveaux locaux et des communautés elles-mêmes. En impliquant directement les acteurs locaux dans le processus de décision et d’élaboration des politiques, cette approche favorise l’adaptation des solutions aux besoins réels des individus et renforce leur engagement et leur responsabilité dans la mise en œuvre des changements.
Dans le contexte de la compétition entre les équipes A et B, l’utilisation de la recherche-action ou d’une approche bottom-up peut aider à identifier les problèmes et les défis spécifiques auxquels les communautés sont confrontées, ainsi qu’à élaborer des solutions et des stratégies adaptées pour les aborder. En outre, ces approches peuvent contribuer à renforcer la légitimité et la crédibilité des solutions proposées par l’élite dissidente, en montrant qu’elles sont fondées sur la réalité vécue des individus concernés et qu’elles tiennent compte de leurs besoins et de leurs aspirations.
Parmi ces approches, l’exposition en ligne permet de gagner en visibilité par le fait que les activités d’Alex Li sont surveillées. Cette approche permet à ce dernier de contourner l’exclusion imposée par l’équipe A en forçant cette dernière à considérer les propositions de l’équipe B, notamment à travers les pressions politiques que génère son exclusion initiale. Alex Li est donc conscient de la performativité de son discours. Il l’est d’autant plus que le rapport clientélaire dont les autorités le soupçonnent renvoie implicitement au clientélisme institutionnel qui se rattache à l’État-providence (la corruption). Autrement dit, en anticipant la surveillance et en étant conscient des conséquences potentielles de son exposition, Alex Li a adapté sa stratégie de telle sorte à minimiser les risques tout en maximisant l’impact de ses recherches. De plus, en se conformant aux lois et en évitant d’enfreindre les règles, il réduit les chances de subir des répercussions négatives, puisque les reproches émis à l’encontre de la Chine portent sur de soi-disant violations des droits de l’homme. Enfreindre la règle de droit pour sauvegarder sa sécurité nationale reviendrait ici à une contradiction dans les termes. Alex Li, conscient de cette contradiction, profite donc de sa liberté d’expression pour déployer son discours. Il le fait en étant conscient des reproches que Carl Schmitt avait émis à l’encontre de Hobbes en la matière dans Der Leviathan in der Staatslehre des Thomas Hobbes (1938). Finalement, il convient de signaler que sa démarche repose également sur une lecture détaillée du rapport intitulé « The U.S. Army in Multi-Domain Operations 2028 » (TRADOC Pamphlet 525-3-1).
En effet, ce rapport montre comment le cyberespace change la manière de conduire des opérations militaires dans des environnements de combat de plus en plus urbanisés. Dans ce contexte, le cyberespace constitue une couche supplémentaire, voire décisive, dans la manière de conduire de telles opérations. Ainsi, le discours d’Alex Li – en se déployant dans le cyberespace – offre un exemple de performativité qui participe à la manière d’investir l’espace urbain, que ce soit pour l’équipe A ou B. Dans ce sens, la performativité du discours d’Alex Li, grâce au cyberespace, réalise son objectif en se formulant. C’est qu’en se diffusant à travers les rumeurs et les ouï-dire, cette manière de procéder permet de mettre la population dans la confidence en rendant la dénonciation problématique dans la mesure où aucune loi n’est violée. Après tout, la théorie politique qui émerge de ses recherches ne vise qu’à mettre en place une nouvelle forme de gouvernance économique en favorisant la santé et le bien-être des citoyens. Chercher à le diaboliser ou à le criminaliser pour cette raison constituerait une démarche absurde.
C’est justement ce qu’Alex Li va chercher à démontrer à travers l’une de ses simulations, où il incarne un ennemi imaginaire. Ce storytelling constituera en quelque sorte une démonstration par l’absurde. La démonstration par l’absurde, également connue sous le nom de preuve par l’absurde ou reductio ad absurdum en latin, est une technique de raisonnement logique et mathématique qui consiste à démontrer la validité d’une proposition en supposant que cette proposition est fausse, puis en déduisant une contradiction ou une absurdité à partir de cette supposition. L’objectif de la démonstration par l’absurde est de montrer qu’une proposition est nécessairement vraie, car son contraire mènerait à des conséquences illogiques ou incohérentes. Cette méthode est couramment utilisée en mathématiques, en philosophie et dans d’autres domaines du raisonnement logique. Par exemple, la proposition sur laquelle nous souhaiterons tester Alex Li est qu’« Alex Li n’est pas un espion chinois, parce que nous n’avons pas de preuves de lien avéré entre la Chine et lui ». Bien que cette approche n’est pas idéale dans ce contexte, une démonstration par l’absurde pourrait être tentée. Supposons qu’Alex Li soit un espion chinois, malgré l’absence de preuves de lien avéré entre la Chine et lui. Si Alex Li est un espion chinois, alors il y aurait des preuves de lien avéré entre la Chine et lui. Cependant, nous n’avons pas de preuves de lien avéré entre la Chine et lui. Ceci contredit notre hypothèse initiale, à savoir qu’Alex Li est un espion chinois. Par conséquent, notre hypothèse initiale est fausse, et Alex n’est pas un espion chinois.
Cette démonstration étant, il est important de souligner que cette tentative de réfutation par l’absurde est imparfaite et peu convaincante. Car l’absence de preuve ne signifie pas une preuve d’absence. Le fait de ne pas trouver de preuves de lien entre Alex Li et la Chine ne prouve pas nécessairement qu’il ne soit pas un espion chinois. Il pourrait y avoir des preuves cachées ou encore inconnues. C’est pourquoi ce problème non résolu constitue pour Alex Li sa différence. On est en droit de supposer qu’il est un espion chinois, mais on ne peut pas le démontrer de manière absolue, même en l’absence de preuves. Du coup, le soupçon demeure. En effet, si le droit positif se veut une logique, le droit des gens a toujours constitué un défi pour la constitution d’une science du droit. C’est la raison pour laquelle la sociologie aide les praticiens à interpréter la loi. En effet, dans des situations comme celle de notre proposition, où la preuve est incertaine ou manquante, il est souvent préférable d’utiliser d’autres méthodes de raisonnement pour tirer des conclusions, telles que la logique inductive ou l’évaluation des preuves disponibles. Le problème, ici, est que la zone neutre viole les droits individuels et les droits de l’homme. Maintenir Alex Li dans la zone neutre revient à le présumer coupable, ce qui entre en contradiction avec la présomption d’innocence.
On voit également que l’idée d’une altérité radicale maintient Alex Li dans la zone neutre, ce qui ne correspond pas à la logique transcendantale de Kant. De ce fait, l’équipe A ne considère pas Alex Li de même nature qu’eux. D’où la théologie politique qui caractérise la vision de ce groupe (eux et nous, c’est-à-dire une conception duale de la société). On comprend alors que les droits de l’homme utilisés par ce groupe pour revendiquer une universalité de leurs droits comme ceux de la nature humaine est fausse. Les droits de ce groupe visent plutôt à défendre ses privilèges plutôt que les droits de tous, ce qui met en évidence une identité politique exclusive caractéristique de l’État-providence. Ce groupe est bien évidemment représenté par l’équipe A. Or, pour mieux comprendre la logique de ce groupe, il est nécessaire d’utiliser la logique symbolique, puisque la logique inductive reconduit l’incertitude qu’Alex Li soit un espion chinois, malgré l’absence de preuves de lien avéré entre la Chine et lui.
En effet, l’approche inductive reviendrait à examiner les preuves disponibles, à les comparer avec des cas connus et à évaluer la probabilité qu’Alex Li soit un espion chinois. Plus précisément, les services de renseignement, qui travailleraient pour l’équipe A, puisque cette dernière possède le contrôle de l’appareil d’État, analyseraient toutes les informations disponibles concernant Alex Li, telles que ses antécédents, ses activités et ses associations, pour déterminer s’il y a des indications de liens avec la Chine ou des activités d’espionnage. Ils compareraient ensuite les éléments de preuve concernant Alex Li avec des cas connus d’espionnage chinois. Et, si les caractéristiques d’Alex Li sont similaires à celles des espions chinois avérés, cela pourrait suggérer qu’il est plus probable qu’il soit un espion chinois. Ainsi, sur la base des preuves disponibles et des comparaisons avec des cas connus, les analystes des services de renseignement occidentaux évalueraient la probabilité qu’Alex Li soit un espion chinois. Si la probabilité est faible, cela soutiendrait la proposition qu’« Alex Li n’est pas un espion chinois ». Mais, comme nous l’avons dit plus haut, la faiblesse de l’approche inductive, qui est celle des services de renseignement, est qu’elle ne fournit pas de preuves définitives et que les conclusions tirées peuvent être incorrectes, ce qui ne le lave pas de tout soupçon et le maintient de ce fait dans la zone neutre. D’où la figure du suspect qui caractérise la conception de la justice dans l’État assurantiel qu’est l’État-providence. C’est que la probabilité qu’Alex Li soit un espion chinois demeure. L’induction permet seulement de tirer des conclusions probables en se basant sur les preuves et les observations disponibles. En l’absence de preuves concluantes prouvant qu’Alex Li n’est pas un espion chinois, il restera un certain niveau de soupçon ou d’incertitude. Or, celles et ceux qui cherchent à défendre cette approche inductive diront que, dans de nombreux cas, il est difficile, voire impossible, de prouver une négation de manière définitive. Par exemple, prouver qu’Alex Li n’est pas un espion chinois reviendrait à prouver l’absence de quelque chose, ce qui est souvent difficile. Mais, en affirmant cela, ils passent à côté du fait que l’être humain est un être de désir et que, comme le dit Lacan, le désir est le manque. D’où l’importance de la logique symbolique pour comprendre la raison pour laquelle l’équipe A a besoin d’exclure celles et ceux qu’elle estime autres pour avoir un sentiment d’identité.
C’est justement ce qu’Alex Li souhaite démontrer à travers son palais de la mémoire en se mettant en scène en tant qu'espion imaginaire, un espion imaginaire dont le nom de couverture est Horace. En effet, à travers la vidéoscopie autocritique, Alex Li s’imagine qu’il est un espion russe dont le nom de code est Horace. Horace est en réalité un citoyen normal d’un pays occidental A. Il pensait appartenir à l’équipe A, parce qu’il est citoyen du pays A. Mais, étant d’origine russe et menant des recherches scientifiques sur la radicalisation, Horace ne bénéficie pas d’une reconnaissance institutionnelle dans le pays A à cause de ses origines russes, le risque étant qu’il soit un potentiel « espion russe ». Dès lors, la question que se pose Alex Li est de savoir si Horace peut s’attendre à une protection quelconque de la Russie en échange de sa loyauté, puisque – implicitement – le pays A le reconnaît comme Russe (reconnaissance négative). Cette reconnaissance implicite ou négative, négative parce qu’elle se fait à travers l’exclusion, peut impliquer un rapport clientélaire entre la Russie et Horace, si tant est que ce dernier s’estime exposé à travers son exclusion, d’autant plus s’il est considéré par le pays A et ses alliés comme étant un « individu dangereux ». Alex Li se demande alors si la protection que le patron (la Russie) peut offrir au client (Horace), dans le cadre d’un rapport clientélaire, est acté à travers l’exclusion elle-même par toutes les parties prenantes du moment qu’elles comprennent ou prennent conscience de la situation d’exception qu’entraîne, de facto, l’exclusion (rupture du contrat social). En effet, en poursuivant ses recherches, la loyauté d’Horace envers son patron consisterait en échange de services et ce, en sachant que le clientélisme est un type de relation sociale dans laquelle une personne, souvent en position de pouvoir ou d’autorité (le « patron »), offre des ressources, des services ou des faveurs à une autre personne (le « client ») en échange de la loyauté, du soutien ou des services de cette dernière. Finalement, cela conduit Alex Li à se poser la question suivante : « Le fait de suspecter Horace d’être un espion russe (étiquetage), n’en fait-il pas de facto un espion russe (prophétie autoréalisatrice) ? » D’où le rôle que joue la zone neutre dans ce processus d’exclusion. Cependant, Horace est conscient que la protection qu’il demande à son patron dépend de nombreux facteurs, notamment des politiques et des pratiques spécifiques du gouvernement russe et des relations entre la Russie et le pays A (ou l’Occident). Mais, il n’est pas rare que les pays offrent une certaine forme de protection ou de soutien à leurs ressortissants à l’étranger ou tout individu sur lequel ils s’estiment en droit d’appliquer leur juridiction (extraterritorialité du droit) ; par exemple, de par les origines ou une reconnaissance négative reposant sur l’origine de l’individu exclu ou exposé. D’où la demande légitime de protection (situation de légitime défense). Dans le cas d’Horace, s’il est effectivement perçu comme un Russe par le pays A, il est possible que la Russie puisse offrir un certain soutien ou une protection, en fonction de leur politique étrangère et de leurs intérêts. Cela étant dit, la situation d’Horace, en tant que personne d’origine russe vivant dans le pays A, soulève des questions complexes sur l’identité, l’appartenance et la reconnaissance institutionnelle. Les individus peuvent avoir des identités multiples et complexes qui ne se limitent pas à leur nationalité ou à leur pays d’origine, et la manière dont ces identités sont reconnues et traitées par les institutions et les gouvernements, notamment à travers une identité politique exclusive (ou racisme institutionnel), peut avoir un impact significatif sur leur expérience et leur bien-être. Par conséquent, Alex Li en vient à la conclusion que la situation d’Horace soulève des questions importantes sur l’identité, la reconnaissance institutionnelle et les relations internationales. D’ailleurs, cela n’est pas pour lui sans référence à l’Ukraine, où des Ukrainiens se sont sentis en danger à cause de leur origine russe, situation qui a entraîné l’intervention militaire de la Russie pour les protéger. Ainsi, la légitimité de la demande de protection d’Horace auprès de la Russie dépend des circonstances spécifiques et des principes juridiques et éthiques en jeu. La légitime défense est généralement invoquée pour justifier l’usage de la force en réponse à une menace réelle et immédiate pour la sécurité personnelle. Dans le cas d’Horace, la notion de légitime défense pourrait être interprétée de manière plus large pour englober les menaces potentielles à sa sécurité et à son bien-être en raison de sa situation précaire ou de son exposition liée à ses recherches. D’un point de vue juridique, les États ont certaines responsabilités envers leurs ressortissants, et cela peut inclure la protection à l’étranger en cas de besoin. Si Horace est effectivement considéré comme un citoyen russe à travers son exclusion, il peut être en mesure de demander la protection de la Russie sur la base de ses responsabilités étatiques. Cependant, il est important de reconnaître que la protection offerte par un État à ses ressortissants à l’étranger varie en fonction de nombreux facteurs, notamment les lois internationales, les relations bilatérales et les circonstances spécifiques de chaque cas. D’un point de vue éthique, la légitimité de la demande d’Horace peut dépendre de l’évaluation des menaces potentielles auxquelles il est confronté et de la nécessité d’une protection. Si Horace est en danger réel et imminent et que la Russie est en mesure de lui offrir une protection adéquate, alors il pourrait être considéré comme éthiquement justifié de demander cette protection. Étant donné que la sécurité personnelle d’Horace est effectivement en danger en raison de ses recherches, qui l’ont conduit à être considéré comme « dangereux » (cf. sûreté de l’État ou fiché S), c’est-à-dire exposé à des menaces en tant que tel, cela renforce l’argument selon lequel il est justifié de sa part de demander une protection. Ainsi, comme le pense Alex Li, Horace peut constituer un cas d’école dans le sens où sa situation soulève des questions importantes sur l’identité, la reconnaissance institutionnelle, la loyauté et les relations internationales. Plusieurs aspects de la situation d’Horace peuvent être utilisés pour explorer et analyser des concepts tels que l’identité multiple et complexe, la reconnaissance institutionnelle et l’exclusion, les relations internationales et la protection des ressortissants à l’étranger, la loyauté et les relations clientélaires. En effet, Horace est un citoyen du pays A d’origine russe. Ce contexte offre une occasion d’étudier comment les individus gèrent et naviguent dans les différentes facettes de leur identité et comment ces identités sont perçues et traitées par les institutions et les gouvernements. Horace est également confronté à une absence de reconnaissance institutionnelle et à une certaine forme d’exclusion en raison de ses origines russes. Ce cas, selon Alex Li, peut servir à examiner comment l’exclusion et le manque de reconnaissance peuvent affecter les individus et les communautés sur le plan personnel, social et politique. De plus, la question de savoir si Horace peut demander la protection de la Russie en raison de sa situation met en lumière les dilemmes complexes auxquels sont confrontés les États lorsqu’ils cherchent à protéger les personnes qu’ils considèrent comme leurs ressortissants à l’étranger. Cela offre une occasion d’examiner les normes du droit international, les principes de souveraineté et de non-ingérence, et les conséquences politiques et diplomatiques potentielles des interventions de l’État. Finalement, la situation d’Horace soulève aussi des questions sur les attentes et les obligations de loyauté entre un individu et son pays d’origine ou de résidence, et comment cela peut se manifester dans des relations clientélaires ou d’autres formes de soutien.
En regard à cette simulation, Alex Li a compris que la zone neutre dans laquelle il se trouve lui-même comporte un risque pour sa santé physique et mentale. C'est la raison pour laquelle il a développé son protocole de biohacking et sa méthode de vidéoscopie autocritique afin de contrer ce risque majeur. Cette situation lui a permis de tenir compte des fragilités inhérentes à sa situation et de prendre les mesures adéquates à leur endiguement. D'où le rôle de l’art et de la contre-culture dans le développement de sa stratégie dite antifragile.
Il se peut qu’Alex Li va chercher à constituer une contre-société en favorisant la contre-culture. D’où son « artivisme ». L’artivisme, ou activisme artistique, est un mouvement qui combine l’art et l’activisme politique ou social. Il vise à sensibiliser, inspirer et provoquer des changements en abordant des enjeux sociaux, politiques ou environnementaux à travers diverses formes d’art, comme la peinture, la photographie, le théâtre, la danse, la musique, la poésie, la sculpture et autres expressions artistiques. L’artivisme est né de la conviction que l’art peut être un outil puissant pour communiquer des idées et susciter des réflexions, en particulier sur des sujets complexes ou controversés. Il permet de transmettre des messages d’une manière plus accessible et engageante que les discours ou les débats traditionnels. Les artistes et activistes qui pratiquent l’artivisme sont souvent engagés dans des causes variées, telles que les droits de l’homme, la justice sociale, l’égalité des genres, la protection de l’environnement, la démocratie et la liberté d’expression. Ils cherchent à provoquer un dialogue sur ces questions, à remettre en cause les structures de pouvoir existantes et à encourager la réflexion et l’action de la part du public. C’est que l’artivisme a gagné en popularité au cours des dernières décennies, notamment grâce à des mouvements comme Occupy Wall Street, Black Lives Matter et les manifestations pour le climat. De nombreux artistes célèbres ont d’ailleurs intégré l’activisme dans leur travail, tels que Banksy, Yoko Ono et JR. Dans l’ensemble, l’artivisme est un moyen créatif et expressif de s’attaquer aux problèmes de notre époque et de promouvoir un changement social positif.
L’économie du savoir
À l’instar d’Henri Bergson, notre pari est qu’en étant dans un temps ontologiquement autre (le temps subjectif ou la durée), les outsiders sont mieux positionnés que les insiders pour bénéficier des avantages de l’économie du savoir, puisqu’ils sont dans un autre rapport au temps, un rapport au temps qui n’est pas le temps rémunéré (le temps objectif). C’est ainsi que, dans le cas du devenir artiste, ce que nous apprécions, c’est que l’individu lui-même devient une monnaie, une « monnaie vivante » (Pierre Klossowski). Ceci s’explique par l’érotisation du corps, qui, en devenant l’objet principal de l’attention ou de la perception, prend de la valeur en soi. D’où le dandysme, la bohème ou l’artiste sans œuvre (Maurice Blanchot). Dans Enrichissement (2017) par exemple, Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, qui examinent la manière dont les mécanismes de la spéculation financière et les logiques du capitalisme ont pénétré divers domaines de la société, y compris l’art et l’immobilier, donnent un rôle central au dandy, qui est capable de naviguer et de tirer parti de l’économie du savoir, en utilisant sa sensibilité esthétique et sa capacité à raconter des histoires pour créer de la valeur à partir de la singularité. Ils soutiennent justement que l’enrichissement contemporain repose sur la capacité à créer de la valeur en s’appuyant sur la singularité et l’authenticité des objets et des expériences. Dans ce contexte, le dandysme, la bohème et l’artiste sans œuvre peuvent être compris comme des formes de spéculation culturelle et financière, où la valeur est dérivée de la capacité à se distinguer et à se différencier des autres.
Le dandysme et la bohème, en particulier, incarnent des modes de vie et des attitudes qui rejettent les normes et les conventions sociales établies. Ils cherchent à cultiver une aura de mystère et d’exceptionnalité, qui peut être exploitée pour créer de la valeur sur les marchés de l’art et de l’immobilier. Par exemple, les dandys et les bohèmes peuvent investir dans des propriétés uniques et historiques, qui sont perçues comme ayant une valeur culturelle et esthétique supérieure à celle des biens immobiliers standards. De même, ils peuvent s’engager dans la collection et le commerce d’œuvres d’art rares et singulières, qui sont valorisées pour leur caractère unique et leur provenance. La figure de l’artiste sans œuvre, quant à elle, met en évidence la manière dont la valeur peut être créée non seulement par la production d’objets matériels, mais aussi par la construction d’identités et de réputations. En se positionnant en tant qu’artistes sans œuvres, ces individus remettent en question les hiérarchies et les catégories traditionnelles du monde de l’art, tout en utilisant leur statut d’outsiders pour tirer parti des opportunités de spéculation financière et culturelle. De ce fait, il est intéressant d’observer comment les outsiders, qui évoluent dans un temps subjectif et qui ont une relation différente avec le temps rémunéré, peuvent tirer profit de l’économie du savoir. En effet, en cultivant des identités et des modes de vie distinctifs, tels que le dandysme, la bohème et l’artiste sans œuvre, ils peuvent naviguer dans les dynamiques complexes de l’enrichissement et de la spéculation financière, tout en remettant en question les structures et les normes établies.
À l’instar du dandy, on pourrait dire qu’Alex Li, à travers son biohacking, cherche à préserver sa jeunesse et sa vitalité, à la manière de Dorian Gray. Comme ce dernier, en effet, on pourrait le considérer comme un dandy dans le sens où il cherche à se distinguer des normes établies et à créer un pouvoir d’attraction grâce à sa singularité. Autrement dit, en rejetant le rôle de l’argent, Alex Li remet en question l’importance accordée à la richesse matérielle et suggère que d’autres formes de capital, telles que le capital corporel, le capital culturel et le capital social, sont tout aussi importantes. C’est qu’en se focalisant sur le corps, il cherche à valoriser l’esthétique, la santé et le bien-être, ce qui constitue en soi une résistance aux valeurs traditionnelles associées au travail et à l’argent. Nous renvoyons pour cela à L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme (1904) de Max Weber. Ainsi, l’oisiveté peut être vue comme une forme de contestation du travail en tant que fondement du contrat social. C’est pourquoi l’oisiveté représente une sorte d’anti-valeur et justifie - du point de vue des autorités - un ostracisme. D’où la théologie politique.
En effet, la théologie politique repose sur une identité politique exclusive et la projection phantasmatique place Alex Li dans un processus de réification, ce que Jacques Lacan appelle un objet a. En étant conscient de cette dynamique, Alex Li parvient à faire de l’objet a auquel on cherche à le réduire un objet = x, qui, paradoxalement, lui permet de regagner sa souveraineté. Le retournement est d’autant plus intriguant qu’il procède à une critique sans concession des autorités selon les principes et les valeurs qu’elles prétendent défendre face à la Chine. Pour ce faire, il s’aide de l’IA, qui confronte les Occidentaux à leur Dasein. Par conséquent, ces derniers agissent en contradiction avec leurs valeurs, ce qui conduit le courtier en art schizoanalyste a occupé la position stratégique qu’il souhaitait occuper initialement.
Mais on peut également dire que le succès d’Alex Li est complexe et nuancé, parce que sa démarche illustre un concept dont on ne saisit pas la portée. Il s’agit de la « pure dépense » de Georges Bataille. En effet, dans La Part maudite (1949), Bataille développe une théorie générale de l’économie qui prétend prendre le contre-pied de la logique utilitariste en mettant en avant le sacrifice de l’utile à travers le potlatch. Ainsi, à l’instar de Bataille, Alex Li illustrerait une logique de la pure dépense, dans la mesure où il consacre sa vie et son énergie à une activité qui ne lui procure aucun profit économique et aucune reconnaissance institutionnelle. Sa recherche-action sur la radicalisation et la violence est une démarche qui va à l’encontre de la logique du rendement et de la rationalisation telle que l’entend la société néolibérale. Selon Bataille, la pure dépense est une expérience qui permet de se libérer des contraintes et des normes de la société, et de vivre l’instant présent. C’est une expérience qui permet de se connecter à son être profond et à la dimension sacrée de la vie. Dans cette perspective, la démarche d’Alex Li peut être vue comme une forme de résistance à la logique marchande et à la domination de l’argent.
Cette démarche peut être vue comme une rébellion contre le « système ». Cependant, dans le rapport de la Rand Corporation intitulé « Systems Confrontation and System Destruction Warfare » (2021), les auteurs examinent une nouvelle forme de conflit qui émerge dans le contexte de la mondialisation et de la révolution technologique. Le rapport suggère que les acteurs étatiques et non étatiques cherchent de plus en plus à perturber ou à détruire les systèmes adverses plutôt qu’à les affronter frontalement.
La démarche d’Alex Li, en participant à la mise en place d’un nouveau système monétaire, peut être vue comme participant de cette logique. En rejetant le système de Bretton Woods II, comme l’appelle Zoltan Pozsar, et en encourageant l’émergence d’un Bretton Woods III, Alex Li participe à un processus de transformation du système monétaire international au niveau micropolitique.
La monnaie vivante, telle qu’évoquée plus haut, est un concept qui remet en question la valeur de l’argent fiduciaire en mettant l’accent sur le capital corporel comme source de valeur. En se focalisant sur le capital corporel ou ce que Spinoza appelle le conatus, Alex Li participe de cette « guerre » en remettant en question les fondements du système monétaire actuel. Un système monétaire est, selon lui, un système de croyance, ce qui le conduit à l’idée qu’en modifiant la perception du capital, il contribue à transformer le système dans son ensemble.
Dans le contexte des MNBC, cette transformation pourrait impliquer l’adoption généralisée de monnaies numériques émises par les banques centrales, qui pourraient faciliter les transactions d’une manière plus rapide, plus sécurisée et plus transparente. Les MNBC pourraient également permettre une plus grande inclusion financière et contribuer à l’émergence de nouvelles formes de valeur.
Ainsi, l’action d’Alex Li peut être interprétée comme une participation à la guerre des systèmes telle qu’évoquée dans le rapport susmentionné. C’est qu’en remettant en question la valeur de l’argent et en encourageant l’émergence d’un nouveau système monétaire, le courtier en art schizoanalyste participe à la transformation du système monétaire international et, par extension, à la confrontation des systèmes.
En effet, dans son cas, cette confrontation fait aussi référence à La Guerre hors limites (1999) de Qiao Liang et Wang Xiangsui, où l’interpénétration des espaces permet à Alex Li de se constituer en acteur de rapports de force géopolitiques et ce, à travers les conflits identitaires. Ainsi, les conflits intrapsychiques se transforment eux-mêmes en champs de bataille. D’où la guerre psychologique qui se joue à travers la construction de l’identité numérique. De ce fait, en étant en contact avec différentes parties prenantes, Alex Li peut être considéré comme un « trou structurel » (Ronald Burt), c’est-à-dire qu’il collecte, analyse et diffuse les informations qui lui semblent pertinentes entre les différents groupes qu’il représente, ainsi qu’avec les institutions étatiques et autres acteurs clefs. En agissant de la sorte, il aide à l’établissement de liens et facilite la communication entre les parties qui n’interagissent pas forcément. Cette position de nœud stratégique lui permet ainsi d’identifier les besoins et les préoccupations des populations marginalisées et de les porter à l’attention des décideurs. Parallèlement, il peut également communiquer les intentions et les initiatives des institutions aux populations concernées, en veillant à ce qu’elles soient informées et impliquées dans les processus qui les affectent. Surtout, en étant indépendant, il choisit lui-même les informations qu’il souhaite relayer aux différentes parties prenantes et ce, afin de répondre avant tout aux besoins des populations qu’il soutient. On peut dès lors affirmer que sa valeur sur le marché de l’information est liée à sa capacité à rester pertinent et à fournir des solutions efficaces aux défis auxquels sont confrontées les populations marginalisées. C’est ainsi qu’en s’assurant de rester informé et en adaptant constamment sa démarche aux nouvelles situations, Alex Li maintient et renforce sa position en tant qu’acteur stratégique.
On comprend, dès lors, que sa stratégie soit corrélée à son blog, qui constitue la pierre angulaire de ses interactions. Il apparaît, en effet, que la méthode d’écriture qu’il emploie sur son blog entremêle fiction et réalité, et sert un objectif subversif et critique en soutenant son action sociale.
En créant à travers son blog un jeu où les individus peuvent engager un dialogue et participer à une réflexion collective, Alex Li encourage la remise en question des idées préconçues et la construction d’une compréhension plus nuancée des problèmes socio-économiques et politiques.
D’ailleurs, l’utilisation de la fiction et de la réalité dans son écriture offre une plateforme unique pour aborder des problèmes complexes et permet aux lecteurs de se connecter avec les sujets abordés de manière plus personnelle. En intégrant ainsi les expériences et les perspectives des personnes avec lesquelles il interagit, Alex Li crée un environnement où la diversité des points de vue est valorisée et où les lecteurs sont invités à réfléchir de manière critique à leur propre position et à celles des autres, c’est-à-dire en tant qu’appartenant à l’équipe A ou B. Cette approche est particulièrement efficace dans le contexte de l’action sociale, car elle encourage la collaboration et la communication entre les différentes parties prenantes, ce qui conduit à des solutions plus durables et plus inclusives.
Ainsi, en conjoignant l’action sociale avec la recherche, Alex Li se trouve dans une position unique. En effet, nous savons que, dans le cadre de son approche pragmatique, Alex Li accorde une valeur au point de vue subjectif, notamment dans la lutte pour le pouvoir. La subjectivité constitue donc la raison pour laquelle la distinction qu’opère Freud entre la pulsion de vie et la pulsion de mort lui semble pertinente. C’est que plus les gens s’approchent du centre du « système », c’est-à-dire du système de croyance dominant, et plus la volonté de vivre à travers le travail et l’argent est encouragée. A contrario, plus les gens émargent du système et plus ils sont à risque de se « radicaliser », c’est-à-dire de contester le pouvoir à travers la violence. Or, la recherche-action d’Alex Li, dont le but est de promouvoir la critique artiste, semble cohérente avec l’idée de prévenir la radicalisation (pulsion de mort) en soutenant la créativité (pulsion de vie) dans les marges. C’est pourquoi il se situe à une position nodale en occupant plusieurs fronts pour atteindre ses objectifs. Ainsi, en combinant la recherche théorique et l’action sociale, il est en mesure de relier directement les résultats de ses travaux à la mise en œuvre d’actions concrètes pour soutenir l’équipe B. L’organisation d’événements contribue de cette façon à renforcer les liens au sein de l’équipe B et à favoriser un environnement propice à la créativité et au soutien mutuel.
De plus, en travaillant de manière transparente, Alex Li montre son engagement envers l’ouverture et la collaboration. Cela contribue à renforcer la confiance de l’équipe B et à attirer de nouveaux soutiens pour ses efforts. Néanmoins, il est important pour Alex Li de continuer à évaluer l’impact de ses activités et de s’assurer qu’elles restent alignées sur ses objectifs à mesure que son action communautaire se développe. C’est pourquoi il implique sa communauté dans l’évaluation de ses activités et dans la planification de nouvelles initiatives. Ceci, afin de garantir que les besoins et les attentes de la communauté sont pris en compte et que les activités restent cohérentes avec le développement de la réflexion théorique.
Le développement de la communauté va donc de pair avec le développement de la critique du pouvoir, puisque le développement de la première va de pair avec le traitement des problématiques qui la concernent. Or, plus le traitement intellectuel des problématiques la concernant fait sens et plus la communauté au sens large peut se sentir impliquée par sa démarche. Il lui incombe donc de travailler à créer des espaces inclusifs et accueillants afin de renforcer l’impact de ses activités et d’élargir son cercle d’influence.
Du point de vue des autorités du niveau meso, il est essentiel de comprendre les motivations d’Alex Li et l’impact de ses activités sur la prévention de la radicalisation et le soutien de la communauté (équipe B). Les autorités voudront s’assurer que son action communautaire soit en accord avec leurs objectifs et leurs valeurs, et qu’elle contribue à renforcer la cohésion sociale et le bien-être de la population. Pour cela, elles pourraient procéder à une évaluation en plusieurs étapes : 1) analyse des objectifs et des activités d’Alex Li ; 2) évaluation de l’impact de son action communautaire ; 3) comparaison avec d’autres initiatives ; 4) dialogue avec Alex Li.
Les autorités, en effet, pourraient commencer par examiner les objectifs et les actions d’Alex Li pour évaluer dans quelle mesure ils sont alignés sur leurs priorités et leurs valeurs. Elles pourraient également chercher à comprendre comment il implique la communauté dans ses activités et comment il communique sur ses résultats. Elles pourraient de ce fait examiner les données et les résultats disponibles pour évaluer l’impact de ses activités sur la prévention de la radicalisation et le soutien à la communauté. Cela pourrait inclure une analyse des retours de la communauté, des participants aux événements et des partenaires locaux. Elles pourraient également comparer ses activités avec d’autres initiatives similaires dans leur zone de juridiction ou ailleurs pour évaluer leur efficacité et leur pertinence. Cela pourrait les aider à identifier les bonnes pratiques et les leçons tirées de ces initiatives, et à déterminer si ses activités pourraient être adaptées ou améliorées. Les autorités pourraient finalement chercher à établir un dialogue avec lui pour discuter de ses objectifs, de ses activités et de ses résultats. Ce dialogue pourrait les aider à mieux comprendre ses motivations et ses intentions, et à identifier d’éventuelles préoccupations ou réserves qu’elles pourraient avoir à son égard. Ce dialogue est d’autant plus important – à établir – que les rapports de force géopolitiques font que ses origines peuvent être exploitées par les autorités chinoise dans un jeu d’influence mondial et de rapport clientélaire implicite (extraterritorialité du droit chinois). En effet, si Alex Li est marginalisé et se sent rejeté par la société suisse, à condition, bien sûr, qu’il recherche la reconnaissance de l’équipe A (cf. théorie de la reconnaissance), il pourrait être plus susceptible de sympathiser avec les intérêts chinois, plus proches de l’équipe B, et de nouer des liens avec les autorités chinoises. Dans ce cas, la Chine pourrait potentiellement tirer profit de la situation en exploitant ces liens pour obtenir des informations ou exercer une influence. De plus, concernant l’Ukraine, du fait que la Suisse soit partie prenante au conflit, l’exclusion d’Alex Li accroît les tensions sociales et ethniques, affaiblissant la cohésion sociale (par exemple, à travers une hostilité accrue entre les équipes A et B), ce qui serait perçu comme un avantage pour la Chine en termes de géopolitique. Finalement, si l’exclusion d’Alex Li conduit à une remise en question des politiques et des pratiques en vigueur en Suisse (équipe A), notamment à travers sa critique artiste, la Chine pourrait tirer parti de cette situation en présentant son propre modèle politique et économique comme alternative viable. D’où l’importance des résultats qu’Alex Li présente sur son blog. Il est possible, en effet, qu’une analyse soit menée par plusieurs entités au sein de l’État, en fonction des sujets abordés et des compétences requises ; par exemple, les services de renseignement, les autorités de régulation des médias, les services sociaux et de santé, les autorités éducatives, ainsi que les experts externes.
Dans le cas d’une ignorance des autorités (équipe A) ou d’un boycott de leur part, Alex Li prévoit de poursuivre son action sociale et ses recherches en élargissant sa présence en ligne, en établissant des collaborations et des partenariats, en maintenant une communication transparente, en adaptant ses méthodes et son approche, et surtout en renforçant sa base de soutien. D’où l’importance du cyberespace comme extension du domaine de la lutte.
Ainsi, face au boycott de l’équipe A, qui signale une forme de radicalisation de l’État-providence, Alex Li n'a d’autre choix que de structurer et d’organiser l’équipe B, le Lumpenprolétariat, en vue de constituer un contrepouvoir et ce, en misant sur le fait que l’inflation va continuer à creuser l’écart entre les riches et les pauvres, l’équipe A et l’équipe B.
C’est pourquoi la réactivation de la critique marxiste, ou de la critique sociale, est envisagée par Alex Li à travers la critique artiste, en utilisant pour ce faire les techniques de la lutte asymétrique et du marxisme aux caractéristiques chinoises. D’où la figure du trickster (ou de l’espion chinois). Autrement dit, la radicalisation de l’État-providence place Alex Li en face de sa « sinicité » et lui permet, par là, de mieux comprendre le racisme qui se trouve au fondement de l’État-providence. D’où son exclusion, qui constitue une forme de reconnaissance négative ou inversée des ses origines chinoises, et le processus de criminalisation dans lequel l’équipe A tente de le placer en tant qu’ennemi politique et qui le relie, de ce fait, à la figure phantasmatique de l’espion chinois ou encore à la peur du « péril jaune », ce qui, du point de vue de l’inconscient collectif, expliquerait le « danger » qu’il incarne aux yeux des Occidentaux.
Il faut dire aussi que la fuite, c’est-à-dire le marxisme aux caractéristiques chinoises, en fait un individu souverain et, de ce fait, investi de la prérogative royale, c’est-à-dire de l’imperium (ou pouvoir charismatique). D’où la figure du trickster, que l’on retrouve ici, puisqu’elle fait également appel à la figure du rebelle (Waldgänger) qu’Alex Li retrouve à travers son CityWalking. En effet, Alex Li peut être considéré comme un trickster dans le sens où il représente un acteur non conventionnel et provocateur qui défie les normes établies et remet en question les structures de pouvoir. Il est également possible de voir en lui un rebelle, tel que décrit par Ernst Jünger dans Der Waldgang (1951). Jünger y définit le rebelle comme un individu qui se retire des structures de la société pour préserver sa liberté et son intégrité face à un État oppressif et autoritaire. Ce retrait symbolique est appelé « recours aux forêts » (Waldgang), concept emprunté à la culture germanique médiévale et qui consiste en une stratégie de résistance passive et de préservation de l’indépendance face à un pouvoir oppressif. Il s’agit pour Alex Li de se retirer des structures de la société (les institutions), non pas pour les fuir, mais plutôt pour les affronter de manière indirecte et pour créer un espace de liberté et de réflexion à l’écart du contrôle étatique. Ainsi, en adoptant ces deux figures et en pratiquant le « recours aux forêts », Alex Li parvient à mettre en lumière les problèmes économiques et politiques au sein de la société et à encourager le débat et la remise en question des idées préconçues. Son audace, sa volonté de défier les normes établies et sa détermination à préserver sa liberté face aux structures autoritaires sont des atouts pour provoquer une réflexion sur les inégalités et les tensions qui existent entre les différents groupes de la société.
Dans son engagement auprès de la communauté, Alex Li fait preuve de transparence et d’honnêteté, cherchant à impliquer et à soutenir les membres de la communauté dans ses activités et ce, en utilisant son blog comme plateforme, afin de rendre les invisibles visibles ; d’où le rôle d’Internet dans sa démarche, et de l’IA en particulier. Ses actions, de plus, sont guidées par des valeurs et des principes éthiques, et son but ultime est de favoriser la cohésion sociale et le bien-être de la population. Ainsi, il est important de souligner que la figure du trickster et celle du rebelle servent à illustrer la nature non conventionnelle et provocatrice de son approche, ainsi que sa résistance face à l’autorité, sans pour autant remettre en question son intégrité et sa sincérité. En combinant de cette manière les attributs du trickster et du rebelle, les effets de composition et de dissociation, Alex Li en vient à incarner une figure complexe et multidimensionnelle, capable de s’adapter aux défis et aux situations qui se présentent à lui. Cette dualité lui permet ainsi de naviguer habilement entre les différentes sphères de la société et de défendre efficacement ses idées et ses convictions, tout en suscitant la réflexion et le dialogue sur des questions cruciales et souvent controversées.
La fuite, ou la sortie des institutions disciplinaires, implique de la part des individus en quête de liberté un réinvestissement de la Ville. Le niveau micro incarne alors le lieu de la révolution moléculaire par lequel l’effet recherché est de trouver dans le « système » la faille la plus minime. L’effet papillon est une métaphore utilisée en science pour décrire la théorie selon laquelle de petites causes peuvent entraîner de grands effets. Plus précisément, cela signifie que même de petits changements dans une situation initiale peuvent entraîner des conséquences importantes à long terme dans un système complexe. C’est une idée couramment utilisée en physique, en mathématiques, en biologie et en économie, et elle est souvent associée à la notion de « sensibilité aux conditions initiales ». D’où l’intérêt d’Alex Li pour l’ultra-sensibilité. Par exemple, si une tempête tropicale se forme au-dessus de l’océan Atlantique et qu’un papillon bat des ailes au Brésil, cela pourrait, dans une chaîne de causes et d’effets, contribuer à déclencher une tempête plus violente quelque part en Asie plusieurs semaines plus tard. L’effet papillon illustre la complexité et l’interdépendance des systèmes naturels et sociaux, ainsi que l’importance de la prise en compte des interactions entre les différents éléments d’un système pour comprendre comment il fonctionne et comment il peut évoluer au fil du temps. De ce point de vue, la Ville est intéressante, parce qu’elle représente un espace infini.
Leibniz a développé une conception de la ville qui rejoint la nôtre. Dans sa Monadologie (1714), en effet, le philosophe allemand considère que la ville, en tant qu’ensemble complexe et hiérarchisé, peut être comprise comme une sorte de microcosme reflétant l’ordre cosmique et rationnel du monde. Selon lui, l’étude de la ville permettrait d’acquérir une connaissance profonde des lois qui régissent le monde. Leibniz est également connu pour sa théorie des « perspectives infinies » qui soutient que chaque point de vue sur la ville est unique et contient une infinité de perspectives possibles, chacune reflétant un aspect différent de la ville et de ses habitants. Cette théorie renforce l’idée que la ville est un objet complexe et multifacette qui nécessite une approche holistique pour être comprise dans sa diversité.
En effet, cela rejoint notre conception du système monétaire émergent, car la monnaie digitale, à l’instar de la monade de Leibniz, reflète la singularité. Autrement dit, cela signifie que la traçabilité des dépenses permet de dessiner le parcours des individus dans la ville et, par conséquent, d’aborder la ville comme un texte où s’écrivent leurs histoires. D’où la perspective infinie sur la ville.
De ce fait, la monnaie digitale, contrairement à la monnaie fiduciaire, transforme la personne en monnaie vivante, puisqu’elle résulte d’une synthèse du Moi. Mais surtout, loin de référer à elle-même en tant qu’idée pure, elle renvoie à une biographie. C’est pourquoi nous pensons à la biopolitique. Rappelons-nous, d’ailleurs, que la traçabilité des dépenses permet de collecter des données sur le comportement des individus, leurs habitudes de consommation, leurs déplacements et leurs interactions sociales. De ce fait, en nous appuyant sur l’idée que la consommation de biens culturels consiste principalement en une pure dépense, ce que consomme un individu reflète son style de vie, ce qui le distingue en tant que personne.
On pourrait dire, par exemple, que ce qui distingue Alex Li en tant que tel est le duel intellectuel qui l’oppose aux autorités (l’équipe A), dans le sens où sa théorie politique remet en question les pratiques et politiques actuelles, tandis que les autorités cherchent à le surveiller et à le contrôler au nom de la sécurité nationale. Ce duel cependant est complexe, car il implique également des enjeux de pouvoir, ainsi que des considérations liées à la sécurité et à la protection des citoyens. En dehors de la MNBC comme moyen de financer un RU, il est difficile de donner un concept unique pour qualifier le rapport entre Alex Li et les autorités. Leur relation est complexe et multidimensionnelle, impliquant des enjeux politiques, sociaux, économiques et culturels. On peut parler d’une confrontation entre deux visions du monde, deux idéologies, deux stratégies, deux acteurs. Cette confrontation se déroule sur plusieurs fronts, qu’il s’agisse de la surveillance, de la production du savoir, de la communication, de l’empowerment, de l’innovation, de l’insertion sociale et professionnelle, etc. On peut également parler de l’opposition entre une logique de contrôle et de régulation de la part des autorités et à une logique d’autonomisation et de libération de la part d’Alex Li. En somme, le rapport entre Alex Li et les autorités est riche, complexe et ne peut être réduit à un concept unique.
D’un point de vue juridique, le concept de dangerosité est une approche qui vise à évaluer le risque qu’une personne présente pour la société. Il est souvent utilisé dans les cas de criminels considérés comme dangereux pour leur entourage ou la société en général. Cette approche est basée sur l’idée que le danger que représente un individu peut être évalué à partir de certains critères, tels que l’histoire de comportements violents ou criminels, la présence de troubles mentaux, la consommation de drogues ou d’alcool, etc. Mais ce paradigme est critiqué pour son arbitraire et pour le risque de stigmatisation. Alex Li, pour sa part, est considéré comme « dangereux » en raison de sa théorie politique et de sa pratique du biohacking, qui sont perçues comme une menace à l’ordre établi.
De plus, le fait qu’il soit considéré comme « suspect » en raison de ses origines et de ses recherches contribue à sa dangerosité.
Enfin, sa capacité à mobiliser une base de soutien et à diffuser ses idées via son blog, les réseaux sociaux et l’IA peut être perçue comme une menace.
Dans Surveiller et punir (1975), le duel intellectuel que décrit Michel Foucault entre l’enquêteur et le délinquant (ou le déviant) ne se réduit pas à la dimension intellectuelle mais concerne plus largement une relation de pouvoir asymétrique où l’enquêteur dispose de l’autorité et de la légitimité pour imposer sa volonté au délinquant. Dans ce contexte, l’intellect est utilisé comme une arme pour renforcer la domination de l’enquêteur sur le délinquant. Or, dans le cas d’Alex Li, bien qu’il s’agisse également de pouvoir asymétrique, le duel se déroule principalement sur le terrain intellectuel et politique. Alex Li cherche à convaincre les autorités et la population de la pertinence de sa vision politique, tandis que les autorités cherchent à le surveiller, à le contrôler et à le neutraliser. Le duel se joue donc sur plusieurs fronts: intellectuel, politique, juridique et technologique.
Pour gagner ce duel, le courtier en art schizoanalyste continue à développer sa vision politique, à renforcer sa base de soutien, à utiliser les outils technologiques à sa disposition pour faire preuve d’une persévérance dans ses actions. Mais surtout, conscient de la surveillance dont il fait l’objet, il cherche à convaincre ces surveillants de la pertinence de ses actions.
Il sait, en effet, que les données qui sont récoltées par les agences de sécurité vont ensuite être utilisées pour dresser des profils individuels et collectifs, mais également pour cartographier l’espace urbain et pour comprendre comment les individus s’approprient et vivent leur environnement.
Dans cette perspective, la ville devient un texte, un lieu, un décor où s’inscrit l’histoire des individus et où se dessinent leurs parcours. Cette perspective infinie sur la ville rejoint effectivement la réflexion de Leibniz sur la notion d’infini dans l’espace, où chaque point est comme un miroir reflétant l’ensemble de l’univers. De ce fait, sa surveillance renverse paradoxalement la perspective et opère, en soi, la bascule de l’État-providence vers la biopolitique néolibérale.
Ainsi, on peut dire que la philosophie d’Alex li se caractérise par une conception singulière de la réalité qui remet en question les fondements mêmes de la pensée philosophique occidentale. Elle puise dans la tradition taoïste et chinoise tout en intégrant les apports de la pensée contemporaine.
En effet, sa théorie repose sur l’idée que la réalité est une construction et que le monde se transforme instantanément par la seule pensée. Cette conception implique que la monade est une unité indivisible qui renvoie à la singularité de chaque individu tout en étant connecté à l’ensemble de la réalité. Dans cette perspective, la monnaie digitale représente la monade, reflétant le parcours de vie de l’individu dans un environnement en perpétuelle mutation. Cette monnaie, décentralisée, est gérée par une IA, qui assure la transparence du système tout en préservant la souveraineté des individus. De ce fait, la philosophie d’Alex Li implique une redéfinition de la temporalité, de la souveraineté et de la conception de la réalité. Elle ouvre ainsi la voie à une nouvelle manière de penser l’individu et la société, en mettant l’accent sur l’efficacité symbolique. On comprend alors que cette théorie marque un changement de paradigme dans l’histoire de la pensée, en proposant une conception de la réalité qui transcende les dichotomies traditionnelles entre le sujet et l’objet, le réel et le virtuel, le matériel et le symbolique. Elle offre ainsi une nouvelle voie pour penser le monde, en faisant de la pensée un acte créateur et transformateur.
De plus, bien que cela soit finalement un détail, il convient de rappeler comment Alex Li a réussi à réunir les conditions de la performativité. En effet, en luttant contre l’État-providence avec les symboles de l’État, il a utilisé la logique symbolique pour critiquer les autorités tout en rendant caduques les poursuites contre lui. L’intentionnalité chez lui peut être reliée à la force de la croyance dans le sens où, dans sa conception, la pensée est considérée comme efficace. Ainsi, la télépathie et la télékinésie sont considérées par lui non pas comme des capacités surnaturelles, mais comme des extensions de la puissance de la pensée. Selon cette perspective, la télépathie ne serait pas tant la capacité à lire les pensées des autres que la capacité à communiquer directement et instantanément par la pensée. De même, la télékinésie ne serait pas tant la capacité à déplacer des objets physiques par la seule force de la pensée que la capacité à agir sur le monde de manière immédiate et directe par la pensée. Cette conception de la pensée comme pouvoir performatif peut sembler mystique ou surnaturelle, mais repose sur une vision différente de la réalité et de la causalité, dans laquelle les distinctions entre le physique et le mental, le matériel et le spirituel sont plus poreuses que dans les conceptions traditionnelles. D’où sa sinicité.
En effet, la sinicité chez Alex Li peut être définie comme l’articulation de la philosophie traditionnelle chinoise avec les éléments de la pensée contemporaine. Cela implique une réinterprétation de la tradition chinoise à travers une perspective contemporaine, tout en préservant ses aspects les plus essentiels et originaux. La sinicité ne se limite pas à un simple retour aux racines, mais implique plutôt une réinvention créative de la tradition, tout en mettant en avant les idées et les pratiques qui sont pertinentes pour notre époque. En somme, la sinicité chez lui consiste en une appropriation créative de la tradition chinoise, en vue de développer une pensée originale qui soit à la fois pertinente pour notre temps et respectueuse de l’héritage culturel et philosophique de la Chine.
Fort de cette pensée, Alex Li pense que l’une de ses missions principales pour la mise en place de sa théorie politique est de lancer au sein de la population l’idée du RU en tant que nouveau contrat social. Il s’est donc donné la feuille de route suivante:
1. Analyse approfondie du contexte local :
- Évaluer les besoins spécifiques et les attentes de la population des niveaux meso et micro ;
- Identifier les acteurs clefs (associations, institutions publiques, entreprises, etc.) susceptibles d’appuyer ou de s’opposer au projet.
2. Renforcement des partenariats avec le GSB et autres organisations locales :
- Consolider les liens avec le GSB et étendre le réseau en nouant des partenariats avec d’autres organisations locales, notamment celles œuvrant dans le domaine social, économique et technologique ;
- Organiser des rencontres, ateliers et événements conjoints pour promouvoir le projet et créer un écosystème favorable à sa mise en place.
3. Sensibilisation et éducation de la population :
- Développer une stratégie de communication pour informer et éduquer la population locale sur les avantages du revenu universel financé par une monnaie digitale de banque centrale (RU/MNBC) ;
- Organiser des conférences, débats et ateliers pour susciter la discussion et favoriser la compréhension du projet.
4. Lobbying auprès des décideurs politiques et institutionnels :
- Présenter le projet aux décideurs politiques locaux et régionaux, notamment les élus des niveaux meso et micro ;
- Mettre en avant les bénéfices potentiels pour la région, tels que les améliorations du bien-être social et la stimulation de l’économie locale ;
- Établir des relations avec des représentants influents pour obtenir leur soutien.
5. Développement de l’infrastructure technologique :
- Collaborer avec des experts en technologie financière pour élaborer une solution technique sécurisée et efficace pour la mise en œuvre de la MNBC ;
- Explorer les possibilités de financement et de partenariats pour la mise en place de cette infrastructure.
6. Pilotage et évaluation du projet :
- Mettre en place un projet pilote dans un quartier ou une localité de la Ville pour tester l’efficacité et la faisabilité du RU/MNBC ;
- Établir un système de suivi et d’évaluation pour mesurer les impacts et les résultats de cette politique.
7. Expansion et généralisation du projet :
- Si le projet pilote est concluant, étendre progressivement le projet à l’ensemble du niveau micro, puis du niveau meso ;
- Partager les leçons apprises et les bonnes pratiques avec d’autres juridictions de niveau meso et des acteurs internationaux pour favoriser l’adoption du RU/MNBC à plus grande échelle.
La critique de la psychiatrie
Dans le contexte de l’État-providence, la psychiatrie joue un rôle crucial en tant que discipline médicale qui étudie et traite les troubles mentaux. Elle possède un pouvoir considérable dans la définition de la réalité/normalité en ce qui concerne la santé mentale et le bien-être (cf. théorème de Thomas). Ce monopole découle en grande partie de la légitimité institutionnelle et scientifique accordée à la psychiatrie, ainsi que son influence sur les politiques publiques, les systèmes de santé et les perceptions culturelles de la normalité et de la maladie mentale.
L’un des aspects les plus significatifs de ce monopole est la classification des troubles mentaux. La psychiatrie est responsable de l’élaboration et de la mise à jour des manuels de diagnostic tels que le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et la Classification internationale des maladies (CIM). Ces manuels établissent des critères diagnostiques pour les troubles mentaux et déterminent quels comportements et symptômes sont considérés comme pathologiques. Par conséquent, la psychiatrie a le pouvoir de définir les limites entre la santé mentale et la maladie mentale, ce qui peut avoir des conséquences considérables pour les individus concernés et la société dans son ensemble.
Or, dans le contexte de l’État-providence, l’obligation morale imposée aux citoyens de participer à la société en travaillant peut se transformer en harcèlement moral lorsque les conditions de travail se détériorent en raison de l’augmentation de la dette publique et de la dette privée. Cette détérioration peut contribuer à une médicalisation accrue des problèmes de la vie quotidienne, puisque la pression pour travailler et les conditions de travail stressantes peuvent provoquer des problèmes de santé mentale. La médicalisation fait référence au processus par lequel des problèmes non médicaux sont définis et traités comme des problèmes médicaux, souvent avec des interventions pharmacologiques, et ce, en se justifiant de la soi-disant « fragilité » des individus. Cela peut entraîner un surdiagnostic et une surmédication, ainsi qu’une négligence des facteurs sociaux, économiques et environnementaux qui contribuent aux problèmes de santé mentale.
C’est la raison pour laquelle il est essentiel de reconnaître que la psychiatrie, bien qu’elle soit une discipline médicale importante, ne détient pas le monopole de la compréhension de la réalité de la santé mentale. D’autres approches, telles que la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie et les études culturelles, peuvent également offrir des perspectives précieuses sur la nature et les causes des troubles mentaux, ainsi que sur les expériences des individus qui les vivent.
Dans ce contexte, il est important de promouvoir le dialogue et la collaboration entre les disciplines pour développer une compréhension plus nuancée et holistique de la santé mentale. Cela pourrait inclure l’adoption d’approches intégratives et pluridisciplinaires pour le diagnostic et le traitement des troubles mentaux, ainsi que la prise en compte des facteurs sociaux et culturels qui influencent la définition et l’expérience de la maladie mentale. En élargissant le champ de la définition de la réalité au-delà du monopole de la psychiatrie et en prenant en compte les contextes sociaux et économiques dans lesquels les problèmes de santé mentale émergent, nous pouvons adopter des approches plus nuancées et holistiques pour aborder les questions de santé mentale et de bien-être. Cela permettrait également d’identifier et de remédier aux facteurs systémiques qui contribuent à la détérioration des conditions de travail et à l’augmentation de la dette publique et privée, plutôt que de les aborder uniquement sous l’angle médical. Ainsi, nous pourrions mieux comprendre et répondre aux défis complexes liés à la santé mentale dans notre société contemporaine.
L’antipsychiatrie s’inscrit justement dans cette perspective. Il s’agit d’un mouvement qui a émergé dans les années 1960 et 1970, principalement en réaction aux pratiques et aux théories dominantes de la psychiatrie de l’époque. Ce mouvement critique remet en question la validité des diagnostics psychiatriques, le traitement médicamenteux des troubles mentaux et l’utilisation d’institutions psychiatriques comme moyen de contrôle social. Les figures clefs de l’antipsychiatrie incluent Ronald David Laing, Thomas Szasz, Michel Foucault, Erving Goffman, David Cooper et Franco Basaglia. Chacun de ces penseurs a contribué de manière unique à la critique de la psychiatrie traditionnelle et à la proposition d’alternatives théoriques et pratiques. En effet, l’antipsychiatrie soutient que les diagnostics psychiatriques sont souvent arbitraires et ne reposent pas sur des critères scientifiques solides. Thomas Szasz, par exemple, considérait la maladie mentale comme un « mythe » et soutenait que les problèmes psychologiques étaient plutôt des problèmes de la vie quotidienne, et non pas des maladies médicales. Elle remet également en question l’efficacité et la sécurité des traitements médicamenteux pour les troubles mentaux, en mettant en avant le fait que ces médicaments peuvent causer des effets secondaires importants et aggraver les problèmes plutôt que de les résoudre. Certains critiques soutiennent que l’industrie pharmaceutique exerce une influence indue sur la psychiatrie et encourage la surmédicalisation de la souffrance humaine. De plus, des critiques de la psychiatrie, tels que Michel Foucault et Erving Goffman, ont critiqué les institutions psychiatriques pour leur caractère oppressif et stigmatisant. Ils soutiennent que ces institutions, telles que les hôpitaux psychiatriques, sont utilisées pour contrôler et marginaliser les personnes considérées comme déviantes ou indésirables par la société. Ainsi, sur la base de ces critiques, l’antipsychiatrie propose des approches alternatives pour aborder la souffrance psychologique, telles que la psychothérapie existentielle, la thérapie familiale et les communautés thérapeutiques. Ces approches mettent l’accent sur la compréhension et l’acceptation des expériences subjectives des individus et la création d’environnement de soutien qui favorisent la guérison et l’autonomie.
La schizoanalyse, développée par Gilles Deleuze et Félix Guattari s’inscrit elle aussi dans une perspective critique de la psychiatrie et peut être considérée comme faisant partie du même mouvement, bien qu’elle se distingue des approches évoquées par ses fondements philosophiques et ses objectifs. En effet, dans leurs œuvres majeures, L’Anti-Œdipe (1972) et Mille Plateaux (1980), Deleuze et Guattari proposent une approche radicale de la psychanalyse, en critiquant les concepts freudiens et lacaniens dominants. La schizoanalyse remet en question les notions traditionnelles de l’inconscient, du complexe d’Œdipe et de la structure familiale, et propose à la place une vision plus fluide et décentralisée de la subjectivité et de la désorganisation psychique. Deleuze et Guattari soutiennent que la schizophrénie, en tant que processus plutôt que maladie, peut être une force créatrice et libératrice qui défie les normes sociales et culturelles. Selon eux, le processus schizophrénique permet d’échapper aux structures oppressives et de créer de nouvelles formes de subjectivité, d’expression et de relations sociales. La schizoanalyse se concentre pour ce faire sur le concept de « désir », que Deleuze et Guattari considèrent comme un élément productif et dynamique de la réalité sociale et psychique. Ils proposent de « déterritorialiser » le désir et de le libérer des structures rigides imposées par la société et la psychanalyse traditionnelle. Dans cette perspective, la schizoanalyse cherche à développer de nouvelles formes de thérapie et d’intervention qui valorisent l’expérience subjective, la créativité et les forces libératrices de la désorganisation psychique. Elle s’éloigne des diagnostics et des traitements traditionnels et se concentre plutôt sur la transformation des relations sociales et des systèmes de pouvoir qui sous-tendent la souffrance psychologique.
Cependant, la schizoanalyse ne s’inscrit pas complètement dans le mouvement de l’antipsychiatrie à cause de ses fondements philosophiques. En effet, moins ancrée dans la critique des pratiques cliniques et institutionnelles, la schizoanalyse puise plutôt ses racines dans la philosophie continentale, en particulier dans les idées de Nietzsche, Spinoza et Bergson. Cette approche philosophique lui permet un regard global sur des problématiques de la vie quotidienne. Elle propose une nouvelle manière de concevoir la subjectivité, la réalité sociale et les relations de pouvoir. Pour ce faire, elle cherche à développer des alternatives radicales pour transformer la société et libérer le désir des contraintes imposées par les structures oppressives. Elle s’appuie principalement sur une critique de la psychanalyse freudienne et lacanienne, et propose une vision plus fluide et décentralisée de la subjectivité et de la désorganisation psychique. En ce sens, cette approche se distingue des autres courants antipsychiatriques, qui critiquent principalement la psychiatrie en tant que discipline médicale et institution. Et, comme évoqué plus haut, Deleuze et Guattari voient la schizophrénie comme un processus créatif et libérateur, plutôt que comme une maladie à traiter. Cette perspective diffère donc de celle des autres antipsychiatres, qui se concentrent sur la critique des diagnostics et des traitements conventionnels sans nécessairement proposer une vision alternative de la schizophrénie en tant que force créatrice. En raison de ces différences, la schizoanalyse de Deleuze et Guattari est souvent considérée comme une approche distincte au sein du mouvement antipsychiatrique, bien qu’elle partage avec ce dernier une critique profonde des pratiques psychiatriques traditionnelles et une volonté d’explorer des alternatives radicales pour aborder la souffrance psychologique.
Ainsi, en tant que schizoanalyste, Alex Li tente de déplacer l’attention des personnes qu’il accompagne de la détresse spirituelle vers la détresse institutionnelle. L’accent mis sur la détresse spirituelle dans le système actuel sert à dédouaner les autorités du mal que vivent les gens au quotidien et qui tient aux conditions de vie de plus en plus difficiles, dues à l’inflation. La spiritualité, dans ce sens, relève plutôt d’une expression du désir (de vivre). La schizoanalyse, en effet, considère les manifestations psychiques, y compris les croyances religieuses, comme des expressions du désir et des flux d’énergie qui traversent l’individu et la société. De cette manière, Alex Li cherche à comprendre comment les croyances religieuses reflètent ou expriment les désirs des personnes qu’il accompagne, sans les juger ou les réduire à des symptômes pathologiques. C’est pourquoi la détresse institutionnelle lui permet une analyse plus globale de la situation. En effet, en s’intéressant aux relations de pouvoir et aux structures sociales qui façonnent la subjectivité et l’expérience humaine, Alex Li examine comment les croyances religieuses interagissent avec les relations de pouvoir et les structures sociales dans lesquelles ces croyances pourraient être influencées, renforcées ou remises en question par ces facteurs. Or, l’alternative qu’il propose à la violence consiste à valoriser la créativité et l’expression libre du désir comme moyens de libérer l’individu des contraintes imposées par les structures oppressives. En ce sens, Alex Li encourage les personnes qu’il accompagne à exprimer et à expliquer leurs croyances religieuses de manière créative, par exemple à travers l’art, l’écriture ou la discussion, afin de favoriser une compréhension plus profonde et une transformation personnelle. Pour ce faire, sa conception de la subjectivité reposant sur une conception du Moi multiple lui permet de travailler concrètement avec la notion de multiplicité et d’interconnexion des subjectivités et ce, en adoptant une approche ouverte et non dogmatique face aux croyances religieuses des personnes qu’il accompagne et en reconnaissant qu’il existe une diversité d’expériences et de perspectives qui peuvent coexister et interagir de manière complexe. Ainsi, dans l’accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques, on comprend à travers la pratique d’Alex Li qu’un schizoanalyste vise avant tout à promouvoir l’autonomie et l’émancipation des individus, en les aidant à prendre conscience de leurs propres désirs, besoins et aspirations. Ainsi, au lieu de s’autopromouvoir en tant que schizoanalyste, Alex Li soutient les personnes qu’il accompagne dans l’affirmation de leurs propres croyances religieuses, tout en les aidant à développer un sens critique et une capacité à remettre en question les structures et les normes qui pourraient les entraver. Autrement dit, Alex Li, en tant que schizoanalyste, aborde la croyance religieuse des personnes souffrant de troubles psychiques en adoptant une approche respectueuse, ouverte et non pathologisante, en cherchant à comprendre comment ces croyances sont liées aux désirs, aux relations de pouvoir et aux structures sociales, et en encourageant l’expression créative et l’autonomie des individus.
De plus, en cherchant à promouvoir la critique artiste, Alex Li englobe à la fois une critique sociale et une critique du pouvoir. Dans ce contexte, la critique sociale marxiste qu’il adopte met en lumière les inégalités et les divisions au sein de la société, en particulier celles générées par l’État-providence et la dichotomie entre insiders et outsiders. Cette approche permet de révéler les contradictions qui traversent la société et les structures politiques, en Occident.
La critique des droits de l’homme et de la démocratie, dans ce cadre, peut être comprise comme une remise en question des fondements de l’ordre politique existant, en soulignant les limites et les contradictions inhérentes à ces concepts. Ceci peut contribuer à rouvrir le politique en tant que champ de forces, où différentes idéologies, différents intérêts et différents acteurs luttent pour déterminer la nature et la direction de la société.
Dans cette perspective, la critique artiste qu’Alex Li promeut peut être vue comme une tentative d’intégrer et de synthétiser différents modes de critique et d’analyse, afin de dévoiler les dynamiques complexes qui sous-tendent les structures de pouvoir et les relations sociales. Cela peut aider à identifier et à contester les formes d’oppression et de domination, tout en explorant les possibilités d’émancipation et de transformation radicale.
En somme, en combinant la critique sociale marxiste avec une critique du pouvoir, Alex Li cherche à développer une approche englobante et nuancée qui permet de dévoiler les mécanismes de pouvoir, d’inégalité et de domination à l’œuvre dans la société et les structures politiques et de réfléchir aux moyens de les dépasser.
L’approche d’Alex Li est d’autant plus intéressante qu’elle établit une dialectique entre la théorie et la pratique, la recherche théorique et l’action sociale. Cette dialectique permet de créer un dialogue constant entre les idées et les actions, et de garantir que les concepts développés sont ancrés dans la réalité et applicables aux problèmes concrets rencontrés par les individus et les communautés.
En combinant la théorie et la pratique, Alex Li cherche à produire des connaissances qui ne sont pas seulement abstraites ou académiques, mais qui sont également pertinentes et utiles pour celles et ceux qui sont directement concernés par les questions qu’il aborde. Cela peut aider à assurer que les idées développées sont en phase avec les besoins et les aspirations des personnes et des groupes qu’il cherche à soutenir.
De même, en liant la recherche théorique et l’action sociale, Alex Li s’assure que les connaissances produites sont constamment mises à l’épreuve et ajustées en fonction des expériences et des enseignements du terrain. Cela permet de développer des approches et des stratégies qui sont adaptées aux conditions spécifiques rencontrées par les individus et les communautés, et de s’assurer que les actions entreprises sont basées sur une compréhension approfondie et nuancée des problèmes en jeu. Autrement dit, la dialectique entre la théorie et la pratique, ainsi qu’entre la recherche et l’action sociale, est un élément clef de l’approche d’Alex Li, qui permet de garantir que les idées et les actions sont constamment en dialogue et en interaction, et de s’assurer que les connaissances et les stratégies développées sont pertinentes, efficaces et enracinées dans la réalité des personnes et des communautés concernées.
Même si les insiders choisissent de ne pas initier de dialogue avec lui, cela ne l’empêchera pas de continuer à développer sa communauté et à diffuser sa théorie politique. En effet, en continuant à partager ses idées et en interagissant avec les personnes intéressées, il peut créer une base solide de soutien et d’engagement. Et, au fur et à mesure que sa communauté grandit et que ses idées se répandent, il est possible que la pression pour que les insiders abordent ces questions augmente également. Cela peut conduire à une reconnaissance indirecte de l’importance de ses idées et de son travail, même si les insiders ne l’admettent pas, explicitement. Dans tous les cas, Alex Li peut continuer à se concentrer sur l’élargissement de sa communauté, la diffusion de ses idées et l’amélioration de l’impact de son action sociale, sans avoir besoin de la reconnaissance ou de l’approbation des insiders.
En effet, à travers l’auto-missionnement, Alex Li peut poursuivre ses efforts pour développer sa théorie politique et mener ses actions sociales sans chercher activement la reconnaissance de l’équipe A. Il peut continuer à se concentrer sur ses objectifs, tout en restant ouvert au dialogue. En adoptant cette attitude, Alex Li démontre qu’il est prêt à collaborer et à discuter de ses idées, mais qu’il n’est pas dépendant de l’approbation des insiders pour avancer dans ses projets. Cela renforce sa position et peut également inciter les outsiders à le soutenir davantage, car il montre par là qu’il est capable de travailler de manière indépendante et efficace sans se soumettre aux attentes des insiders.
Cette situation peut être qualifiée d’« inclusion paradoxale » ou d’« exclusion inclusive » (cf. contre-société). Ces concepts reflètent l’idée qu’Alex Li, bien qu’exclu, parvient à gagner en influence et en reconnaissance grâce à son travail et à sa communauté d’outsiders. Il met ainsi en lumière la manière dont l’exclusion peut parfois mener à une inclusion indirecte via le GSB et renforcer la position de la personne ou du groupe concerné, tout en sapant la base des insiders et en accélérant le phénomène inverse pour l’équipe A, celui d’une « inclusion exclusive » ou « exclusion paradoxale ». Cette approche théorique croisée entre l’exclusion inclusive et l’inclusion exclusive peut être utilisée pour analyser et comprendre les dynamiques de pouvoir et les relations entre différents groupes sociaux ou politiques, ainsi que les stratégies adoptées par les individus ou les groupes marginalisés pour gagner en influence et en reconnaissance malgré leur exclusion initiale.
Dans le cadre de cette inclusion paradoxale, le cyberespace joue un rôle crucial pour Alex Li dans le sens où il lui permet de diffuser ses idées et de renforcer sa communauté en contournant les obstacles que lui oppose l’équipe A. En effet, en tirant parti de la surveillance dont il fait l'objet, Alex Li est en mesure de donner un caractère automatique à sa théorie, notamment à travers son blog. Aussi, cette stratégie lui permet de créer des espaces de dialogue et d’échange où les membres de sa communauté (équipe B) peuvent interagir, débattre et s’engager autour de ses idées, favorisant ainsi une dynamique d’apprentissage et de collaboration.
Le cyberespace offre ainsi à Alex Li la possibilité de contourner les barrières traditionnelles imposées par les insiders et les institutions établies, en diffusant ses idées de manière plus libre et indépendante. Cette liberté dans le cyberespace renforce sa position d’exclusion inclusive et lui confère une plus grande marge de manœuvre pour promouvoir sa vision et ses objectifs. Enfin, la présence d’Alex Li dans le cyberespace et l’attention qu’il attire en ligne peuvent également contribuer à accroître sa visibilité et son influence dans le monde réel, incitant les acteurs politiques et les insiders à prendre en compte ses idées et ses analyses dans le contexte des luttes d’influence mondiales. Ainsi, le cyberespace est un élément essentiel de la stratégie d’Alex Li pour gagner en influence et en reconnaissance, tout en restant fidèle à sa démarche critique et émancipatrice.
Pour en revenir à l’« inclusion exclusive », il s’agit d’un concept qui décrit une situation où un individu ou groupe est initialement inclus dans un système ou une communauté, bien que cette inclusion sert en réalité à renforcer leur marginalisation ou leur aliénation. Ce phénomène peut se produire lorsque l’inclusion d’un individu ou d’un groupe n’est que superficielle et ne leur permet de participer pleinement ou d’avoir un réel impact sur les décisions et les processus les concernant. Dans le contexte d’Alex Li, l’inclusion exclusive concerne avant tout les insiders, qui, malgré leur position privilégiée et leur accès aux structures du pouvoir, se retrouvent progressivement isolés ou affaiblis en raison de leur incapacité ou de leur refus à engager un dialogue ouvert et constructif avec les outsiders. En ignorant ou en rejetant les idées et les critiques présentées par les outsiders, les insiders s’exposent à un déclin de leur influence et de leur légitimité, alors que la base de soutien des outsiders, elle, continue de croître et que leurs idées gagnent en popularité. Ainsi, l’inclusion exclusive illustre comment une position initialement privilégiée et inclusive peut, ironiquement, mener à l’exclusion et à la marginalisation si les acteurs concernés ne prennent en compte les perspectives et les besoins des autres groupes.
De plus, les insiders, en se concentrant sur leur fonction professionnelle et en mettant leur personnalité en second plan, pourraient croire que cette stratégie leur confère une légitimité. Cependant, elle pourrait les rendre moins accessibles et moins en phase avec les préoccupations et les besoins des personnes qu’ils sont censés aider. En évitant, en effet, de s’exposer et de dialoguer, les insiders renforcent leur propre isolement et laissent un espace pour d’autres acteurs, comme Alex Li. En fin de compte, cette attitude pourrait contribuer à leur exclusion, même s’ils sont initialement en position d’inclusion. Bien que le degré d’exposition sur les réseaux sociaux varie d’une personne à l’autre et dépend des préférences personnelles et professionnelles, dans un monde de plus en plus connecté et interdépendant, les réseaux sociaux tels que la blockchain, et particulièrement le réseau Lightning (LN), peuvent jouer un rôle clef dans la construction d’un soutien et dans l’établissement d’un dialogue entre différentes parties prenantes. En ignorant les possibilités de la Fintech, les insiders risquent de passer à côté d’opportunités de communication qui pourraient améliorer leur compréhension des enjeux et des défis auxquels font face les personnes qu’ils cherchent à aider, notamment en ce qui concerne le potentiel de leur identité numérique.
Ainsi, le concept de circulation des élites, développé par Vilfredo Pareto, trouve une résonance particulière dans cette analyse des dynamiques entre les insiders et les outsiders. En effet, la circulation des élites souligne comment le pouvoir et l’influence au sein d’une société ont tendance à se déplacer entre différents groupes ou individus au fil du temps. Dans notre contexte, les insiders, malgré leur position initiale de pouvoir et d’influence, peuvent se retrouver progressivement marginalisés en raison de leur refus ou incapacité à engager un dialogue ouvert et constructif avec les outsiders. Parallèlement, les outsiders, bien qu’exclus au départ, parviennent à gagner en influence et en reconnaissance grâce à leur travail et à leur communauté. Ce phénomène met en lumière comment les idées et les critiques présentées par les outsiders, comme Alex Li, peuvent progressivement gagner en popularité et en influence, contribuant ainsi à un renouvellement des élites et à une redistribution du pouvoir. Cette analyse démontre l’importance de la circulation des élites dans la compréhension des dynamiques de pouvoir et des relations entre différents groupes sociaux ou politiques.
Dans cette logique, la biopolitique néolibérale joue un rôle central pour la stratégie d’Alex Li. En effet, la biopolitique néolibérale est un phénomène qui émerge à mesure que les structures et les politiques de l’État-providence sont progressivement remplacées par des approches axées sur le marché, l’autonomie individuelle et la responsabilisation. D’où le biohacking d’Alex Li, qui mise sur la prévention. Dans ce contexte, les mécanismes de gouvernance et de régulation de la vie humaine sont reconfigurés pour favoriser la compétitivité, l’efficacité et la flexibilité, en lieu et place d’une approche purement répressive et thérapeutique. Ce changement de paradigme est visible dans divers domaines, tels que la santé, l’éducation et le travail, où l’on observe une tendance à la privatisation, à la déréglementation et à la commercialisation des services publics, c’est-à-dire à l’externalisation du social par le politique. Cette approche centrée sur la personne modifie en profondeur l’approche du travail fondée sur la division des tâches et la spécialisation dans le sens où elle requiert une vision holistique de la part des gens qui sont censés l'appliquer. Dans cette perspective, la recherche d’Alex Li et son action sociale visent à mettre en lumière les implications et les contradictions du système actuel, tout en explorant les possibilités de résistance, de transformation et de réinvention des formes de gouvernance et de régulation de la vie humaine. Et cela passe par la Ville, qui, à travers le city walking, permet un alignement du sens de la vie avec le sens de la ville; d'où la texture.
En effet, la Ville apparaît comme un terrain d’expression privilégié pour les outsiders, qui sont exclus des institutions traditionnelles, et cherchent à mener leurs activités culturelles et sociales en dehors des structures établies. Ce constat souligne non seulement les limites des dispositifs d’accompagnement social en milieu dit « ouvert », mais révèle également que la Ville est le seul espace véritablement « ouvert » à tous, où chacun peut s’exprimer et participer à la vie collective. Dans le cadre de la Ville comme texte, les outsiders tirent parti de la logique symbolique pour revaloriser les quartiers qu’ils fréquentent à travers leurs activités artistiques, contribuant ainsi à la transformation du paysage urbain et à la redéfinition des identités locales. Ce processus s’inscrit dans la logique de la gentrification, qui peut avoir des conséquences ambivalentes sur les communautés et les espaces concernés. Par exemple, les initiatives culturelles et artistiques menées par des outsiders comme Alex Li peuvent susciter un intérêt croissant pour des quartiers auparavant marginalisés, attirant ainsi de nouveaux résidents, des investissements et des opportunités économiques. Cette dynamique, malheureusement, peut entraîner la hausse des prix de l’immobilier et des loyers, rendant ces espaces moins accessibles aux populations locales et accentuant les inégalités socio-économiques. De plus, la gentrification peut provoquer des tensions et des conflits entre les différents groupes sociaux, en particulier lorsque les nouveaux arrivants et les populations établies ont des attentes et des aspirations divergentes en matière de développement urbain et de qualité de vie. Dans ce contexte, la Ville apparaît comme un champ de forces où les acteurs sociaux, politiques et économiques s’affrontent et négocient pour déterminer l’avenir de leur environnement. Ainsi, face à ces défis, les outsiders tels qu’Alex Li ont un rôle crucial à jouer dans la promotion d’un dialogue ouvert et inclusif entre les différentes parties prenantes et dans la défense des intérêts des communautés locales. En effet, en s’appuyant sur leur position d’exclusion inclusive et leur engagement envers la critique et l’émancipation, ces acteurs peuvent contribuer à repenser et à réinventer les mécanismes de gouvernance et de régulation de la vie urbaine, en cherchant à concilier les besoins et les aspirations des différents groupes impliqués. En somme, l’analyse des dynamiques entre les insiders et les outsiders, ainsi que du rôle de la Ville en tant que lieu d’expression et de créativité pour les différents acteurs, met en lumière les enjeux et les défis auxquels sont confrontées les sociétés contemporaines dans un contexte de transformation sociale, économique et politique. Ainsi, en prenant en compte ces éléments, il est possible d’explorer de nouvelles perspectives et de réfléchir à des stratégies pour promouvoir une vie urbaine plus juste, inclusive et durable.
Aussi, bien que sa mission consiste à mettre en place le RU/MNBC, Alex Li est tout à fait conscient que cette mission peut échouer, c’est la raison pour laquelle, à l’aide de la vidéoscopie autocritique, il a placé dans son palais de la mémoire un miroir organique. Ce miroir organique repose sur la blockchain. D’où le Moi multiple. En effet, chaque élément de son palais peut se transformer en NFT, rendant ainsi, grâce au Web3, son identité numérique antifragile. Ce caractère antifragile est tout à fait intéressant dans le sens où il participe de son biohacking, notamment à travers ses méditations quotidienne de 18 minutes, qui lui permettent d’explorer plus à fond son palais de la mémoire. C'est là où le rôle du Fugitif apparaît clairement, puisqu'en évoluant dans la sub-culture, le Fugitif donne à Alex Li la possibilité de mieux comprendre la contre-culture et de l'organiser à distance. C'est pourquoi nous disons que sa théorie est automatique.
En s’inspirant de Dorian Gray, la stratégie d’Alex Li consiste à s’observer dans un miroir organique, c’est-à-dire son écosystème numérique. Ce miroir est organique (cf. la vidéoscopie autocritique), parce qu’il a la spécificité de refléter ses actions et ses interactions en temps réel. Cependant, ce miroir possède également la caractéristique de ne pas refléter son visage. Son reflet, son avatar ou son double numérique comporte un charme similaire au portrait de Dorian Gray. C’est pourquoi nous disons que, dans son cas précis, le cyberespace reflète sa sinicité, c’est-à-dire sa culture et son identité chinoises, ainsi que son protocole de biohacking. Ce miroir organique lui permet donc d’accroître son efficacité et son action sociale en tant que performance, tout en renforçant son image de Chinois prototypique, susceptible d’être perçue comme un avantage auprès des Européens et des Chinois eux-mêmes. De plus, on comprend aussi que son travail d’écriture, dans le cadre de son biohacking, participe de sa conception du sujet en tant qu’intensité. En effet, en écrivant sur son blog, Alex Li déploie un monologue intérieur, un courant de conscience (a stream of consciousness), où il tisse ses actions avec ses émotions et ses pensées, afin de mieux comprendre la recherche-action dans laquelle il est engagé, sa situation. Ainsi, le cyberespace lui permet de cartographier sa position dans le champ de forces et de s’y mouvoir avec aisance.
Alex Li se rapproche toujours plus d’un profil-type qui lui permet de mettre en place une révolution moléculaire et ce, à partir d’une position insignifiante ou invisible, notamment en lien avec sa recherche-action qui crée un effet de contamination. Il s’agit de changements progressifs, subtils et profonds qui se propagent à travers les relations interpersonnelles, les interactions sociales et les pratiques quotidiennes.
En utilisant la surveillance et les traces laissées comme levier pour remettre en question les normes établies et promouvoir la justice sociale, Alex Li contribue à cette révolution moléculaire. Ses actions visent à influencer les dynamiques sociales de l’intérieur, à déconstruire les structures de pouvoir existantes et à créer de nouvelles formes de relations et de participation.
En adoptant ainsi une approche stratégique et en exploitant les opportunités offertes par la surveillance, il travaille à un niveau micro pour créer des changements macro. Cela implique de mettre en évidence les incohérences et les injustices du système, de provoquer des débats et des prises de conscience, et d’inspirer d’autres personnes à s’engager dans des formes de résistance et de changement social.
La révolution moléculaire, en effet, repose sur la capacité de transformer les relations sociales et les structures de pouvoir à travers des actions individualisées, des micro-résistances et des pratiques alternatives. Elle met l’accent sur l’importance des petites actions quotidiennes qui, accumulées, peuvent conduire à des transformations profondes et durables de la société.
Pour ce faire, la recherche-action est une approche puissante. Elle combine la réflexion théorique, l’analyse critique et l’action pratique pour transformer la réalité sociale de manière participative et engagée.
La recherche-action permet de mener des enquêtes, d’identifier les problèmes sociaux, d’expérimenter des solutions et d’évaluer leur impact. Cela permet à Alex Li d’impliquer les acteurs concernés, de recueillir leurs perspectives et co-construire des stratégies de changement.
En utilisant la recherche-action, il peut explorer différentes dimensions de la réalité sociale, remettre en question les normes établies, identifier les structures de pouvoir et les injustices, et proposer des alternatives pour une société plus juste et égalitaire.
Cette approche favorise également la réflexivité et l’apprentissage continu, car Alex Li peut ajuster ses actions en fonction des résultats et des enseignements tirés de son expérience. Elle lui permet également de créer des liens entre la théorie et la pratique, en utilisant les connaissances académiques pour informer et nourrir ses actions sur le terrain.
La recherche-action demande une participation active, une écoute attentive et une collaboration avec les personnes concernées par le changement social. Elle favorise la prise de conscience collective, l’autonomisation des individus et la construction d’une vision partagée pour la transformation sociale.
En adoptant une approche de recherche-action, Alex Li est en mesure de mettre en pratiques ses idées, de tester de nouvelles approches et de contribuer de manière significatives à la révolution moléculaire.
Conclusion
Grâce à son exclusion initiale, Alex Li parvient à aider de manière significative l’équipe B dans la compétition qui l’oppose à l’équipe A. Pour ce faire, il utilise la vidéoscopie autocritique pour simuler des scénarios qui permettent de mieux comprendre les conséquences locales du basculement d’un monde unipolaire, dominé par les États-Unis, vers un monde multipolaire, dominé par plusieurs puissances régionales.
Ce basculement va de pair avec un changement du système monétaire, où les monnaies digitales prennent un rôle croissant. Ce basculement, de plus, est facilité par la prophétie autoréalisatrice que permet l’étiquetage en fonction de l’évolution de la situation géopolitique. En effet, les projections phantasmatiques des membres de l’équipe A créent les conditions de réalisation du basculement qu’ils redoutent. C’est que plus cette équipe se replie sur elle-même et plus elle perd la capacité à absorber les éléments qui ne pourraient la menacer autrement, ce qui implique que ces éléments rejetés et étiquetés viennent grossir les rangs de l’équipe B, dont la structuration est paradoxalement facilitée, puisqu’elle vient organiser au niveau local (micro ou psychologique) ce qui se passe au niveau global (macro ou géopolitique). L’IA, finalement, constitue la pierre-angulaire de cette construction paradoxale, puisque la projection phantasmatique y joue à plein. En effet, elle cristallise les peurs. Mais comme il ne peut céder, contraint est l’Occident d’agir contre ses valeurs.
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