Les démocraties procédurale et substantielle

 Plan

 

1.     Introduction 

a.     Présentation du commissaire d'action 

b.     Contexte et enjeux

2.     La nécessité d'un accès à l'IA pour les populations vulnérables 

a.     Pour une société juste et équitable 

b.     Changements nécessaires dans les politiques et les normes sociales 

c.     Sensibilisation et engagement positif dans la société

3.     Le rôle du commissaire d'action pour opérer la bascule de l'Etat-providence vers la biopolitique 

a.     Comprendre les enjeux sociaux et prendre des mesures concrètes pour apporter des changements positifs 

b.     Construire des ponts entre les différentes communautés 

c.     Utiliser le cyberespace et le blog comme outil pour soutenir cet objectif 

d.     Le commissaire en tant qu'intellectuel organique

4.     La détresse institutionnelle des travailleurs du secteur public et la nécessité d'une approche centrée sur la personne 

a.     Les travailleurs sous pression 

b.     La flexibilité nécessaire pour une approche centrée sur la personne 

c.     Les contradictions qui produisent une détresse psychologique chez ces travailleurs

5.     Les défis budgétaires et les limites de financement qui rendent impossibles les réponses positives de l'Etat aux demandes des travailleurs du secteur public 

a.     Les contraintes budgétaires 

b.     Les défis économiques et financiers 

c.     L'optimisation de la dépense publique

6.     La proposition du commissaire d'action de basculer vers la biopolitique néolibérale 

a.     Le revenu universel à partir d'une monnaie digitale 

b.     La remise en question de la vie privée à l'aide de l'argument du paradoxe ontologique 

c.     La biopolitique comme technologie du pouvoir pour le bénéfice de la société en tant que tout 

d.     Le rôle du commissaire d'action dans un débat ouvert et la déconstruction systématique du substrat ontologique de la démocratie procédurale

7.     Conclusion 

a.     Synthèse des idées principales 

b.     Perspectives et limites de la proposition du commissaire d'action

 


 

 

Dans le basculement de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale, le charisme du commissaire d’action est central. Max Weber parle de « charisme de personnalité ». Or, l’on sait que Carl Schmitt a été l’élève de Max Weber et que ce concept a été déterminant pour concevoir son décisionnisme, bien que Max Weber et Carl Schmitt aient des perspectives très différentes sur le rôle et la nature de l’autorité, du leadership et de la politique.

Max Weber, en effet, est un sociologue allemand qui a développé une théorie de l’autorité et du leadership reposant sur trois types d’autorité : la traditionnelle, la légale-rationnelle et la charismatique. Cette dernière s’appuie sur l’idée que les dirigeants charismatiques attirent les partisans grâce à leur personnalité, leur vision et leur capacité à inspirer et à mobiliser les gens.

Carl Schmitt, Allemand lui aussi, est un juriste et théoricien politique qui a développé une théorie de l’Etat souverain et de la décision politique. Schmitt pense que la politique est fondamentalement un conflit entre amis et ennemis et que la souveraineté de l’Etat doit être défendue contre les menaces intérieures et extérieures. 

 

Dans le contexte de notre problématique, à savoir le basculement de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale, il est utile d’examiner de plus près la théorie de Weber sur l’autorité charismatique et de réfléchir à la manière dont elle pourrait s’appliquer à notre rôle de « commissaire d’action », développé par Carl Schmitt dans Die Diktatur (1921).

En effet, pour notre rôle de commissaire d’action, la mise en place d’un protocole de biohacking a été déterminant pour développer notre présence à soi, qui, de facto, crée un pouvoir d’attraction, un pouvoir d’attraction qui nous a – d’ailleurs – conduit à réfléchir sur la logique symbolique à travers le rôle de l’imagination. D’où l’importance du jeu dans notre approche, surtout du jeu de rôle, c’est-à-dire de la μίμησις

C’est que la μίμησις dédouble la réalité en permettant d’agir sur des émotions qui n’en sont pas moins réelles, du moment qu’on les communique clairement. Il s’agit là, dans ce contexte, d’un rapport d’inversion où l’imagination prend le pas sur la réalité. Le jeu, d’ailleurs, ne peut se poursuivre qu’à travers une extension du réseau généré à partir d’une présence à soi. 

Mais il convient de noter que le charisme de personnalité seul ne suffit pas à garantir le succès en tant que leader. Il est important de s’appuyer sur une conception de l’homme qui va au-delà de la personnalité pour inclure le désir. Car la prise en compte de l’homme en tant qu’être de désir permet véritablement une bonne gestion des émotions et des rapports interpersonnels, ainsi qu’une prise de conscience de la manière dont se construit l’identité.

 

On doit d’autant plus être vigilant au concept d’identité que, de nos jours, l’identité numérique commence à prendre le pas sur l’identité narrative. En effet, le support à partir duquel on se raconte constitue le message lui-même.[1]

Or, le support électronique nécessite un traitement de l’information différent du support papier qui, lui, nous a habitué à une lecture linéaire de la réalité. Le fait que le support électronique fonctionne différemment, c’est-à-dire de manière non-linéaire, implique un nouveau type de construction identitaire. 

En effet, dans la présentation de soi, un blog est souvent nécessaire pour qui souhaite se positionner comme un entrepreneur de soi. Pour le cas du commissaire d’action, l’exposition de ses recherches scientifiques et de sa théorie politique est la bienvenue, car elle permet d’expliciter sa démarche et de soutenir son action sociale. 

Cependant, il convient de noter que le basculement vers la biopolitique néolibérale est un choix politique qui peut avoir des conséquences importantes sur les droits et les libertés individuelles. Il est donc important de s’assurer que toutes les personnes concernées ont la possibilité de participer au débat et d’exprimer leurs opinions.

En outre, il est important – pour le commissaire d’action – de reconnaître que les idées politiques sont souvent controversées et peuvent susciter des débats passionnés. Il est donc fondamental, selon lui, d’écouter les différents points de vue et de travailler à la construction d’un consensus, plutôt que de chercher à imposer ses idées. 

Enfin, il est essentiel pour lui de veiller à ce que ses actions soient conformes à la science et à la sécurité de la population (the safety of the people). C’est pourquoi son action se déroule principalement en marge de la société, car c’est auprès de la marge qu’il pourra opérer le basculement de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale, puisque c’est la marge elle-même qui nécessite le plus grand soutien. 

 

C’est la marge, d’ailleurs, qui permet le plus de comprendre les failles de la société, car l’exclusion socio-économique et politique loin de nous mettre en face de l’être de l’étant (Heidegger) nous met plutôt en face de l’être de désir, c’est-à-dire le désir du désir de l’Autre (Lacan). Dès lors, cette conscience nous permet de prendre une distance critique à l’égard de notre structure socio-économique et politique, à savoir la structure de l’Etat-providence et ce, au profit de la critique artiste (Deleuze et Guattari), qui implique, elle, une critique sociale et une critique du pouvoir.

C’est donc à travers cette invitation à développer un esprit critique que le commissaire d’action cherche à favoriser la prise de conscience et la participation active des individus dans la vie de la collectivité.

En ce sens, il faut souligner que la participation citoyenne est un élément essentiel de la démocratie et que cela implique que les citoyens aient le droit de participer aux décisions politiques qui les concernent. 

Cependant, le commissaire d’action reconnaît tout à fait que la participation citoyenne peut être difficile à obtenir et que les personnes peuvent avoir des opinions divergentes sur les choix politiques à faire. C’est pourquoi un dialogue constructif et respectueux semble le prérequis indispensable au commissaire pour opérer la bascule de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale. 

Pour ce faire, il est indispensable pour le commissaire d’action que ses propositions soient réalisables dans le contexte social, économique et politique actuel. C’est pourquoi il est essentiel pour lui d’avoir une vision à long terme tout en étant conscient des défis immédiats auxquels les personnes sont confrontées. 

 

En effet, face aux défis actuels, la société duale, à savoir celle qui opère la distinction entre le normal et le pathologique, le valide et l’invalide, constitue un problème majeur pour les gens en marge de la société dans le sens où elle incarne une contradiction de l’Etat-providence, qui cherche pourtant à créer une société inclusive.

 

Or, cette distinction constitutive du cadre normatif de l’Etat fait des travailleurs des insiders et des non-travailleurs des outsiders, produisant de ce fait une société duale. D’où le sentiment de culpabilité des gens qui ne travaillent pas face à ceux qui travaillent, sans parler du problème que constituent les médicaments pour cette population en marge. 

La prise de conscience que cherche donc à encourager le commissaire d’action peut aider à comprendre comment les politiques sociales actuelles peuvent affecter la vie des gens et comment l’utilisation abusive de médicaments peut nuire à leur santé et à leur bien-être. 

Il est également important de souligner que, pour le commissaire d’action, l’art peut être un moyen puissant de sensibilisation et de mobilisation. D’où son intérêt pour la critique artiste. Car l’art peut aider à déconstruire les idées préconçues et à encourager les gens à réfléchir à la société dans laquelle ils vivent. Cependant, il est important pour le commissaire d’action de veiller à ce que la critique sociale et la critique du pouvoir soient basées sur des faits et une compréhension solide de la situation sociale et politique, raison pour laquelle son action sociale se double d’une recherche scientifique, puisque les opinions et les croyances personnelles peuvent être subjectives et influencées par des biais cognitifs qui limitent la capacité à comprendre pleinement les enjeux sociaux. D’où l’importance pour le commissaire de se baser sur une analyse rigoureuse de la situation socio-économique et politique, ainsi que sur des données factuelles, pour élaborer une critique sociale et une critique du pouvoir solides et étayées. Sa recherche peut ainsi aider à convaincre les gens de la nécessité de changer les politiques sociales et d’œuvrer pour une société plus juste et plus équitable. 

 

En retour, son action sociale lui permet une perception fine de la situation de telle sorte que sa compréhension lui donne la possibilité de proposer des solutions innovantes. 

D’ailleurs, la perception selon laquelle les gens sont systématiquement jugés en fonction de leur situation professionnelle est une observation intéressante dans le sens où le marché du travail peut effectivement constituer un facteur central dans la manière dont les gens sont perçus et classés dans la société. C’est la raison pour laquelle son accent mis sur la médiation culturelle vise à créer des opportunités équitables pour tous, afin de permettre aux personnes de réaliser pleinement leur potentiel et de contribuer à l’ensemble de la société.

En fin de compte, ce que cherche à faire le commissaire est de créer une société équitable et inclusive où les personnes sont jugées sur la base de leur valeur en tant qu’individus et non en fonction de leur statut socio-économique. C’est pourquoi le commissaire d’action est conscient que sa démarche peut nécessiter des changements importants dans les politiques et les normes sociales qui peuvent cependant offrir des avantages significatifs pour tous les membres de la société à long terme. 

 

L’écoute clinique constitue de ce fait l’instrument principal pour le commissaire d’action. Car ce genre d’instrument lui permet de se focaliser non pas sur des personnalités mais sur des êtres de désir. D’où le fait que le commissaire, dans sa démarche, vise avant tout les émotions, puisqu’une démarche purement intellectuelle est inefficace selon lui. Or, pour ce faire, l’écoute lui permet de comprendre le rapport à l’objet de ses interlocuteurs, rapport à l’objet auquel il participe en tant qu’allocutaire. D’où le charme que lui procure le transfert et que son capital culturel permet de mettre en forme. 

C’est ainsi que nous arrivons au rôle de l’imagination, puisque l’imagination, ici, permet un renversement du rapport de force. En effet, la maîtrise de la logique symbolique permet de retourner la violence institutionnelle caractéristique de la société disciplinaire. C’est qu’en donnant la possibilité aux gens de se réapproprier cette logique, à travers l’imagination créatrice, le commissaire d’action revalorise des gens qui ont été dépossédés d’eux-mêmes par le biais du cadre normatif. Or, la capacité à comprendre les codes culturels et à y adhérer peut être un facteur clef dans la manière dont les gens perçoivent les enjeux sociaux et s’engagent dans des causes. C’est que les codes sociaux, comme l’a montré Bourdieu, repose sur une logique symbolique à laquelle le capital culturel contribue pleinement.

 

C’est donc à travers l’empathie que le commissaire d’action parvient à s’appuyer sur la population en obtenant d’elle un « mandat impératif ». Car, en s’alignant sur elle, le commissaire parvient à établir une relation de confiance et encourage, de ce fait, une participation constructive. Sa sensibilité lui permet alors de trouver les mots justes et de communiquer de manière claire et efficace avec la population. 

De plus, étant conscient des implications d’un basculement de l’Etat-providence vers la biopolitique néolibérale, le commissaire d’action met l’accent sur les implications qu’un tel changement opère sur les droits et les libertés individuelles. Il est donc important pour lui que son action parte d’un agir communicationnel.[2]

Justement, dans la perspective de cet agir, le commissaire estime nécessaire que les populations vulnérables aient un plein accès à l’intelligence artificielle (IA) afin de permettre à ces populations de bénéficier des dernières avancées technologiques. Car cela ne peut qu’aller dans le sens d’une société juste et équitable, qui respecte les droits de tous les individus et favorise le bien-être de la collectivité dans son ensemble. Cela peut effectivement impliquer des changements significatifs dans les politiques et les normes sociales, mais cela peut également offrir des avantages significatifs à long terme pour tous les membres de la société.

 

Du coup, l’un des éléments remettant en question la politique actuelle est la prescription systématique des médicaments que l’Etat-providence encourage à travers son système de santé. Les médicaments peuvent, en effet, être un élément important pour aider les gens, mais leur utilisation excessive ou inappropriée peut également entraîner des effets indésirables et nuire à la qualité de vie. 

C’est en ce sens, justement, que le commissaire d’action voit des changements importants nécessaires à effectuer sur les politiques et les normes sociales. Et cela passe par une prise de conscience chez les gens avec lesquels travaille le commissaire d’action. C’est que la sensibilisation peut être un élément important pour encourager les changements nécessaires. 

 

Or, en travaillant directement avec la population, le commissaire aide à mieux comprendre les enjeux sociaux et à prendre des mesures concrètes pour apporter des changements positifs. Cela peut inclure des efforts pour renforcer la formation et la sensibilisation des patients, ainsi que pour renforcer les programmes de prévention et de dépistage.

Il est également central pour le commissaire de construire des ponts entre les différentes communautés, en encourageant un dialogue constructif et en reconnaissant les défis et les difficultés auxquels chacun est confronté. D’où le rôle du cyberespace qui constitue le nouvel espace public. Et d’où l’importance de son blog, qui permet de mettre l’accent sur le rôle de l’identité numérique dans la société contemporaine. C’est que la diffusion d’informations et d’idées peut aider à susciter une prise de conscience plus large et à encourager un engagement positif dans la société.

Le blog peut également servir de plateforme pour encourager un dialogue constructif et pour permettre au commissaire de se constituer en tant que structural hole (Burt). Cela pourrait, de ce fait, donner au commissaire l’avantage de mieux saisir les enjeux sociaux actuels et de trouver les meilleurs moyens de travailler avec la population pour opérer la bascule de l’Etat-providence vers la biopolitique. En ce sens, le blog du commissaire peut être un outil utile pour soutenir cet objectif, sans parler du fait que cela le constitue également en intellectuel organique (Gramsci).

C’est qu’en tant qu’intellectuel organique, le commissaire fonctionne comme personne nodale parmi les gens de la base en articulant leurs préoccupations et en développant une théorie politique adaptée à leurs besoins. Cela peut inclure des efforts pour renforcer la formation et la sensibilisation des gens, ainsi que pour renforcer les programmes de prévention et de dépistage.

 

En effet, le dépistage est certainement la démarche la plus importante dans l’identification des causes de la fragilisation de l’ensemble de la société. C’est la raison pour laquelle le commissaire s’était engagé dans des études de terrain (l’hôpital, l’école et les associations et fondations de l’accompagnement social) qui l’ont permis de développer des connaissances significatives sur les causes de la radicalisation dans la société. L’une des causes principales, d’ailleurs, est le partage au sein de la société entre les insiders et les outsiders, qu’expose la théorie d’Assar Lindbeck et de Dennis Snower.[3]

Dans ce cadre théorique et pratique, en effet, le commissaire a pu constater que les insiders sont sous pression. D’où le concept de « détresse institutionnelle » (Antoine Garapon et Michel Rosenfeld), qu’il emploie dans sa pratique. C’est qu’il y a chez les soignants, les enseignants, les éducateurs et les travailleurs sociaux un taux important de burnout, qui a conduit le commissaire à tirer le constat que l’approche inclusive de l’Etat-providence nécessite paradoxalement de sortir du cadre normatif. D’où les contradictions qui produisent une détresse psychologique chez ces travailleurs. 

En fait, cela nécessite chez eux une flexibilité qu’ils ne possèdent pas, puisqu’ils s’agrippent paradoxalement au cadre normatif de leur fonction pour tenter d’intégrer des gens qui nécessitent de sortir de ce cadre. En adoptant une approche centrée sur la personne, ces travailleurs doivent effectivement démontrer une flexibilité à l’égard d’un métier qu’ils ont pourtant appris à partir d’un protocole d’action précis, constitutif de leur identité professionnelle. L’approche inclusive de l’Etat-providence les amène donc à perdre leurs repères professionnels, ceux qui se fondent paradoxalement sur la division sociale du travail. 

 

Le problème principal de ces travailleurs, d’après les témoignages que le commissaire a pu récolter sur le terrain, est qu’ils exigent une revalorisation salariale. Or, l’Etat fait face à des problèmes de liquidités et ne peut véritablement y répondre. C’est que les banques centrales ont suivi la Réserve fédérale américaine (FED) en relevant les taux directeurs, afin de réduire les flux économiques à cause de l’inflation. 

Les défis budgétaires et les limites de financement constituent ainsi les difficultés qui rendent impossibles les réponses positives de l’Etat aux demandes des travailleurs du secteur public. Plus précisément, les contraintes budgétaires peuvent être liées à divers facteurs, notamment une croissance économique ralentie, des déficits budgétaires, une dette publique élevée et des pressions fiscales, ce qui rend l’exercice du pouvoir difficile en raison de l’équilibre à trouver entre des rémunérations équitables tout en respectant les contraintes budgétaires et la stabilité économique, ce qui conduit à une optimisation de la dépense publique, à savoir la mobilisation des ressources, la réduction des coûts inutiles, le renforcement de la performance des services publics et l’amélioration de la gestion des finances publiques. En somme, la situation exige que l’Etat tourne à flux tendu, mais avec le risque de voir se restreindre sa marge de manœuvre. 

 

Face à cette impasse, le commissaire d’action propose de basculer vers la biopolitique néolibérale. Pour ce faire, cela nécessiterait d’envisager sérieusement un revenu universel et ce, à partir d’une monnaie digitale. La vie privée doit être remise en question à l’aide de l’argument du paradoxe ontologique, en s’appuyant notamment sur la centralité de la santé dans le nouveau système. En effet, dans ce nouveau système, les algorithmes de comportement garantiraient la valeur de la monnaie digitale, puisqu’il s’agit ici non pas seulement d’un nouveau système monétaire mais d’un nouveau système de croyance.

En fait, la biopolitique permettrait une politique plus efficace, car elle s’appuie sur des données plus précises que celles du système actuel. En s’appuyant en effet sur les nouvelles technologies, la biopolitique serait donc une technologie du pouvoir qui agirait avant tout pour le bénéfice de la société en tant que tout. D’où la notion de gouvernementalité, qui prend ici tout son sens, puisqu’elle ne repose pas sur une politique partisane mais sur l’efficacité du service public. Cette sortie du droit positif se fonde sur un état d’urgence dit « sanitaire », où la biopolitique agit en vue d’accroître l’efficacité de l’Etat. 

La biopolitique serait avant tout pragmatique dans son principe et ne fonctionnerait pas en raison de normes définies a priori, car elle procède d’une conception différente de l’homme. Pour elle, le concept de l’homme n’est pas statique mais dynamique, raison pour laquelle les droits de l’homme posent des problèmes dans le développement de la science, qui ne peut être limitée arbitrairement par des comités d’éthique nationaux. Les restrictions à l’égard de l’eugénisme positif, en effet, doivent être reconsidérées au nom de la liberté scientifique. D’où le rôle du commissaire d’action, qui, à travers une sociologie pragmatique, tient compte du point de vue de tous les acteurs. Ainsi, dans le contexte d’un débat ouvert, que permet le commissaire, l’argument principal de ce dernier sera de déconstruire systématiquement le substrat ontologique de la démocratie procédurale par le paradoxe ontologique auquel lui donne accès l’hypothèse de la simulation[4].

En effet, si la réalité est une simulation, cela signifie que les données que nous produisons sont destinées à être utilisées par une intelligence supérieure pour optimiser notre situation. Dans ce contexte, la vie privée pourrait être vue comme un obstacle à cette optimisation. Et le monitoring technologique de la société et des comportements pourrait être considéré comme un outil nécessaire pour améliorer la situation de la population dans son ensemble. 

 

Concrètement, la crise actuelle du système monétaire reposant sur la monnaie fiduciaire nous conduit à envisager un nouveau système monétaire, c’est-à-dire un nouveau système de croyance, où le revenu universel prendrait le relais des assurances sociales actuelles en étant financé par la monnaie digitale des banques centrales. Ces banques centrales se reposeraient donc sur la technologie de la blockchain pour garantir à nouveau frais les droits individuels et le respect de la vie privée en permettant ainsi aux plateformes d’intelligence artificielle de se concurrencer pour offrir le meilleur service aux consommateurs, qui auront le devoir de se montrer sourcilleux sur leurs droits en tant que consommateurs.



[1] Marshall McLuhan, Understanding Media : The Extensions of Man, New York: McGraw-Hill, 1964.

[2] Jürgen Habermas, Theorie des kommukativen Handelns, Frankfurt am Main: Suhrkamp, 1981.

[3] Assar Lindbeck & Dennis Snower, The Insider-Outsider Theory of Employment and Unemployment, Cambridge: MIT Press, 1988.

[4] Nick Bostrom, « Are You Living in a Computer Simulation? » in Philosophical Quaterly, 53(211), 243-255.

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